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mardi 11 décembre 2018

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

Au cours de la Première Guerre mondiale, la ville de Nancy fut la proie des bombardements
allemands. Les journées des 9 et 10 septembre 1914 ont été les plus destructrices.

Voilà ci-dessous une série de cartes postales éditées à l'époque pour témoigner de l'horreur
des dégradations et des destructions causées par plus de 80 obus.

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

 L'Est républicain du jeudi 10 septembre 1914 titrait alors :

Nancy bombardée : Plus de 40 obus tombent sur notre ville - La moitié seulement éclate

Dégâts et victimes

Il fallait s'y attendre. A la faveur d'une noire nuit d'orage, les Allemands on pu amener quelques
pièces — très probablement deux — assez près de Nancy pour envoyer
quelques boulets sur notre ville.

Il était environ 11 heures 20 quand le premier obus, après le sifflement bien caractéristique,
a éclaté sur nous. La plupart des gens dormaient et beaucoup, dans la stupeur d'un
subit éveil, on cru simplement que la foudre venait de tomber non loin d'eux.

A ce moment d'ailleurs, l'orage battait sont plein et une pluie diluvienne tombait au milieu des
éclairs et des roulements de tonnerre. Mais voici un nouveau sifflement et un second
éclatement. Plus de doute, il s'agissait bien d'un bombardement.

On fit alors ce que la prudence commande en pareille occurrence.

On abandonna rapidement son lit et les habitants des étages supérieurs descendirent
au rez-de-chaussée et surtout dans les caves.

Deux par deux

Une fois en sûreté, on laissa tranquillement passer la tourmente, en essayant de répéter
les endroits sur lesquels la mitrailleuse s'abattait.

Il y avait généralement deux coups très rapprochés, on pourrait dire deux coups jumeaux.
Mais si le premier éclatait avec un vacarme assourdissant, le second était beaucoup
plus sourd, et l'on pouvait se demander même si le dernier avait produit son effet.

De temps en temps, l'éclatement était suivi du bruit crépitant d'une toiture brisée.

On peut évaluer à une cinquantaine le nombre des obus qui se sont abattus sur notre ville
entre 11 heures et minuit 45.

Dans l'intervalle, on avait pu entendre à partir de minuit, la réponse très nette de notre artillerie.
Puis, tout s'était tu, en même temps que cessait également l'orage.

Ce fut bientôt de toutes parts, une ruée des habitants dans les rues. Insoucieux du danger,
nos concitoyens étaient avides de se rendre compte des dégâts.

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

Incendie

Des lueurs d'incendie guidaient les curiosités. Le feu était, disait-on, dans une fabrique
de brosses de la rue Sainte-Anne.

On voyait aussi des flammes dans les parages du Marché, vers la rue de la Hache,

et rue Saint-Dizier.

Nos braves pompiers étaient d'ailleurs depuis longtemps sur les lieux et tous les sinistres
ont pu être, grâce à leur activité, rapidement conjurés.

Les dégâts et les victimes

L'église Saint-Sébastien a été pour sa part honorée de deux boulets. L'un a troué l'horloge en plein
centre. Un autre a frappé le coté gauche de l'édifice, se bornant à enlever quelques plâtras.

Aux alentours, des fenêtres et des marquises en verre ont eu leurs vitres brisées. Il en a été de
même de la vespasienne qui se trouve à l'angle de la place, en face de la rue Saint-Thiébaut.

Le tir allemand semble concentré sur un espace assez restreint, allant de la rue Jeannot et de
la rue Sainte-Anne à la rue Clodion, en passant par la rue de la Fayencerie, d'un côté,
et ne dépassant pas de l'autre côté, la rue de la Hache.

Rue Jeannot, 11, une bombe a enfoncé la toiture et est allée ressortir par une fenêtre du second étage.
Une autre a démoli un pan de mur de l'école de filles, dirigée par Mlle Belliéni. Les locataires de
l'immeuble, au nombre de 24, étaient heureusement descendus dans les caves.

Rue Sainte-Anne, deux boulets sont également tombés. L'un, comme on l'a vue a mis le feu à la
fabrique de brosses, l'autre a enfoncé un mur. Il y aurait eu, malheureusement, là des victimes.
Une femme aurait été tuée, ainsi que le bébé qu'elle portait sur les bras.

Un autre enfant suivait, mais il pas eu de mal.

Au numéro 22 de la rue Saint-Nicolas, la charcuterie Louis a beaucoup souffert. Une dizaine de
personnes s'étaient réfugiées dans les caves. Soudain, un nouvel obus éclate, défonce le trottoir,
et brise une conduite d'eau. Un torrent s'échappe aussitôt de la blessure et, par un soupirail,
inonde la cave, que tous les réfugiés doivent évacuer au plus vite, sous peine d'être noyés.

Deux bombes aussi, rue de la Fayencerie, à l'angle de la rue Saint-Nicolas.
L'une a ébréché la corniche. L'autre n'a pas éclaté. Elle est restée dans le grenier.
Une corniche est aussi entamée au numéro 9 de la rue Saint-Nicolas.

Dans la rue de la Hache, une bombe a allumé un incendie, chez M. Fribourg, banquier.
Le feu a été éteint définitivement vers 3 heures et demie.
On ne croit pas qu'il y ait là des victimes.

La rue Saint-Dizier n'a pas été plus épargnée que la rue Saint-Nicolas, sa voisine.

Une bombe a éventre une fenêtre du prendre étage de la maison Henrion, tuant Mme Terlin,
une octogénaire, et sa bonne, une seconde a fait de gros dégâts à la pharmacie Carnet ;
une troisième a semé, parmi les plâtras, les marchandises de la mercerie Beffeyte.

Deux personnes auraient été tuées, ou grièvement blessées, au numéro 57 de la rue Clodion.
On parle d'une femme qui a le ventre ouvert, et d'une jeune fille qui a les jambes broyées,
mais on n'a pas encore de renseignements très précis à ce sujet.

Dans la rue de la Hache, une bombe a allumé un incendie, chez M. Fribourg, banquier.
Le feu a été éteint définitivement vers 3 heures et demie. On ne croit pas qu'il y ait là des victimes.

La rue Saint-Dizier n'a pas été plus épargnée que la rue Saint-Nicolas, sa voisine.

Une bombe a éventre une fenêtre du prendre étage de la maison Henrion, tuant Mme Terlin,
une octogénaire, et sa bonne, une seconde a fait de gros dégâts à la pharmacie Carnet ;
une troisième a semé, parmi les plâtras, les marchandises de la mercerie Beffeyte.

Deux personnes auraient été tuées, ou grièvement blessées, au numéro 57 de la rue Clodion.
On parle d'une femme qui a le ventre ouvert, et d'une jeune fille qui a les jambes broyées,
mais on n'a pas encore de renseignements très précis à ce sujet.

Les autorités

M. Mirman, préfet, M. Simon, maire de Nancy, M, Devit, adjoint, et M. Prouvé, conseiller
municipal, ont rendu visite aux blessés et porté le réconfort de leurs paroles et leurs
condoléance aux familles éprouvées.

Un cordon d'agents a été établi, à hauteur du Marché, rue Saint-Dizier, pour empêcher une foule
de plus en plus nombreuse de contrarier le travail des pompiers et des sauveteurs, et aussi
de marcher sur les fils électriques rompus.  

La belle insouciance

Beaucoup de gens, avides de souvenirs, cherchaient un peu partout, notamment devant
Saint-Sébastien, quelques débris d'obus.

Il était curieux, et surtout consolant, de constater la belle insouciance du public nancéien, qui,
le premier émoi passé, courait de toutes parts aux nouvelles. Si les Allemands ont cru nous
terroriser, ils se sont complètement trompés. Nous ne sommes pas, ici, de la race des trembleurs.

D'où provenaient les boulets, et comment les artilleurs allemands avaient-ils pu amener leurs
pièces à un endroit propice à ce bombardement. On assure que leurs pièces étaient postées
entre Seichamp et Saulxures, et que c'est grâce à un armistice obtenu pour enterrer leurs
morts que, violant la parole donnée, ils avaient pu préparer dans l'obscurité
de la nuit, leur bel exploit de barbares.

Mais leurs artilleurs doivent à présent savoir le prix de leur traîtrise. Nos pièces, en effet, ont eu
rapidement raison des leurs, et on nous assure que notre infanterie à chassé tous ces
criminels la baïonnette dans les reins.

Puisse la leçon leur servir, et puisse-t-elle aussi nous bien mettre dans la tète que tous ces soi-disant
armistices pour relever les blessés et enterrer les morts ne servent en réalité aux Allemands
qu'à nous tendre d'abominables guets-apens.

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914



NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914



NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914



NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

NANCY (54) - Cartes postales des bombardements des 9-10 septembre 1914

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