Dans le cadre du 600e anniversaire de Jeanne d'Arc, le diocèse de Saint-Dié organise une conférence
le samedi 21 avril 2012 à 16h :
"Jeanne d’Arc : Histoire, Légendes..."
par Olivier Bouzy, directeur du centre Johannique d’Orléans.
Lieu de la conférence :
Centre "Visage de Jeanne"
Auditorium
2, rue de la Basilique
88 630 DOMREMY LA PUCELLE
Tél : 03 29 06 95 86
Fax : 03 29 06 82 50
Entrée libre
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Localisation du village de Domrémy-la-Pucelle dans les Vosges
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Rencontre avec Olivier Bouzy : des polémiques à jeter au feu !
(Article publié par Josée Tomasi-Houillon dans le magazine "Église dans les Vosges").
Des théories récurrentes, parallèles à l’histoire de Jeanne d’Arc
alimentent régulièrement des appétits people, souvent malsains.
Docteur en histoire médiévale, Olivier Bouzy ne les ignore pas. "...
l’accumulation d’erreurs factuelles à chaque page faisait que très
rapidement le livre me tombait des mains..."
Des erreurs grossières ulcèrent le spécialiste. "Par exemple, le
tout récent livre de François Ruggieri, “Jeanne d’Arc, le stratagème”,
commence par une description de Domrémy où il place le château de
Bourlemont dans le coude du fleuve, en face du village..." Bourlemont a
été construit à 4 km de là ! "Cette façon superficielle d’aborder l’histoire de Jeanne d’Arc se
vérifie malheureusement souvent dans les théories à la mode, qui l’on
voit pulluler depuis quelques années : leurs auteurs partent d’une idée
bien arrêtée, fondée sur on ne sait quelle opinion, puis ils écartent
résolument tout texte qui contredit leur théorie, et ne perdent pas de
temps à vérifier les détails, tels que localisation géographique,
identité des protagonistes."
Olivier Bouzy souligne des confusions relevées. "Pour comprendre
cette manière de penser, j’ai donc commencé à lire les ouvrages des
théories parallèles, et j’en ai lu seize, ce qui n’a pas été sans une
certaine souffrance... Les auteurs de théories parallèles ne lisent déjà
pas de livre d’histoire, il est donc à craindre qu’ils ne liront pas
non plus les réfutations de leurs théories."
La Pucelle excite les curiosités, mais pas seulement, le terme allume
aussi des maniaques titillés par quelques fantasmes sexuels. On va
jusque se réclamer du patronage de Voltaire pour produire des ouvrages
pornographiques...
Olivier Bouzy s’avoue "... relativement désarmé pour connaître les
tenants et aboutissants politiques qui se cachent derrière tel ou tel
nom d’auteur, d’autant que certains d’entre eux ne sont que des
pseudonymes."
Plusieurs courants sont définis par le Docteur Bouzy, notamment les "bâtardisants", les "survivistes", les "survivo-bâtardisants", "Dans certains cas extrêmes on trouve l’affirmation que Jeanne d’Arc
n’a tout simplement pas existé ! ". À quand les soucoupes volantes ?
L’historien a fait le tour du cas de la petite Vosgienne de Domrémy
et des remous suscités autour d’elle. "Leurs théories sont la plupart
du temps une réaction – épidermique ou politiques – aux affirmations de
l’École catholique qui s’était d’ailleurs également laissé entraîner, il
faut bien le dire, à des affirmations aventureuses ou à une relecture
hardie de certains textes."
La première biographie écrite sur Jeanne d’Arc par un professeur
d’université ne date en réalité que de 2006 : c’est celle de Colette
Beaune.
"On pourrait espérer, une fois les perturbations actuelles
dépassées, qu’on reviendra à une pratique plus apaisée de l’histoire et
que le personnage de Jeanne ne sera plus agité de-ci de-là pour défendre
toutes les causes ; mais c’est justement cette faculté de Jeanne d’Arc à
incarner successivement des tendances de fond de la politique française
qui explique que le personnage n’ait pas été oublié. Il faut donc se
résigner : le souvenir de Jeanne s’accompagne fatalement de scories
(d’ailleurs à courte durée de vie), qui finissent un jour ou l’autre par
faire à leur tour l’objet d’études historiques. Mais se résigner à leur
existence ne veut pas forcément dire admettre implicitement les
théories en question."