A deux pas de Vaucouleurs, en contrebas d'un vallon, se dévoile un superbe château : la maison-forte de Gombervaux. Depuis plus de 20 ans, une association la restaure patiemment
avec notamment des chantiers internationaux de jeunes l'été !
Merci à Jean-Luc Kaluzko pour les vues aériennes
Je vous invite à la découvrir ici, avant de vous rendre sur place !
Découvrez aussi l'intérieur en cliquant
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Aperçu historique
L'origine du château de Gombervaux se confond avec la légende des Quatre Fils Aymon. En effet, ces derniers, pour résister aux hommes de l'empereur Charlemagne, creusèrent des fossés et élevèrent des murs. Mais, la détermination des soldats de l'empereur eut raison des assiégés. Devenue possession carolingienne, la terre de Gombervaux reçut, selon la tradition, un relais de chasse où Charlemagne aimait se rendre pour s'adonner aux plaisirs cynégétiques. (sur "Charlemagne et la légende de Gombervaux", vous pouvez vous rendre
ICI)
Laissons les légendes de côté...pour se consacrer à l'histoire attestée de Gombervaux.
Ainsi, en 1260, Jean de Joinville (1233-1317), sénéchal de Champagne, seigneur de Vaucouleurs et biographe du roi Saint-Louis, fit élever une chapelle à Gombervaux.
En 1335, le roi de France Philippe VI de Valois entra en possession de la seigneurie de Vaucouleurs après un échange avec le sire Anseau de Joinville (1317-1343). En 1338, le souverain français décida de confier à Geoffroy 1er de Nancy (1321-1394), fils de Thierry II de Lenoncourt (1295-1372) et d'Agnès du Chastelet (1290-1352), le fief de Vaucouleurs et la terre de Gombervaux, en remerciement de ses services.
De 1338 à 1351, le nouveau châtelain de Vaucouleurs, Geoffroy 1er de Nancy, fit alors construire une maison-forte à Gombervaux dont on peut encore admirer les majestueux vestiges aujourd'hui. Son épouse, Agnès de Pulligny et lui même profitèrent pleinement du cadre superbe de leur nouvelle maison-forte.
Le château de Gombervaux
(Peinture anonyme du XVIIIe siècle. Musée Lorrain. Nancy)
Soupçonné de félonie par le roi de France, Geoffroy 1er de Nancy fut destitué de ses titres et terres en 1351. Il perdit donc la jouissance de Gombervaux qui fut confié aux bons soins du chevalier Ferry II de Chardogne en juin 1351 (Un acte conservé aux archives nationales de France indique : "
Saint-Ouen. Jean, roi de France, pour récompenser les services de guerre de Ferri de Chardoigne, chevalier, lui donne trois cents livres de revenu à prendre dans les coffres royaux. Pour l'indemniser de la destruction d'une maison qu'il possédait dans le comté de Bar, le roi lui donne encore la maison de Gomberveau et ses dépendances, jusqu'à cent livres tournois de revenu ; cette maison de Gomberveau ayant été consfisquée par suite de forfaiture de Geoffroi de Nancy, dernièrement bailli de Chaumont" Arch. nat. JJ. 81 n°70). Arrêté au Louvre, Geoffroy de Nancy réussit à s'échapper ; et ses biens du bailliage de Vitry furent remis à Guillaume Buignet à partir du 26 juin 1351.
Revenu en grâce en 1356, Geoffroy de Nancy reprit possession de sa maison-forte sans pour autant exercer de fonctions royales avant 1357, date à laquelle, il devint bailli de Chaumont.
En 1363, Gombervaux fut assiégée par le comte Henri V de Vaudémont (1348-1365), fils d'Anseau de Joinville, et ses alliés anglais. La forteresse résista fièrement pendant 6 jours !
Entre le 4 et le 11 avril 1367, le Traité de Vaucouleurs fut signé entre le duc Jean 1er de Lorraine (1346-1390) et le roi Charles V de France (1364-1380), les convives se rendirent au château de Gombervaux pour festoyer.
Le célèbre maître-queue royal Guillaume Tirel dit Taillevent, y officia en proposant des mets succulents.
Guillaume Tirel, dit Taillevent
(Gravure sur bois du XVIe siècle)
Ci-dessous, Dom Calmet rappelle dans ses écrits la venue du roi de France et du duc de Lorraine à Gombervaux pour ripailler ; le propos est relayé par Edmond Richardin.
Dom Calmet commet une erreur en annonçant la présence de Bertrand Du Guesclin à Gombervaux.
En effet, ce dernier a été fait prisonnier à la bataille de Najera du 3 avril 1367, enjôlé à Bordeaux
puis libéré le 17 janvier 1368 ; il ne pouvait donc pas assister au banquet !
D'après le Viandier de Taillevent, voilà ci-dessous le menu :
Es premier mestz :
- Venoison de sanglier en soupes
- Sabourot de poussins
- Boussac de lièvres
- Oyes à la trahison
Second mestz :
- Cines - hayrons- faisans- paons
- Trimolecte de perdrix
Tiers mestz :
- Most Jehan
- Pasté de merles
- Pyjons au sucre
Le quart mestz :
- Darioles de crème fricts
- Pastés de payres
Quint mestz :
- Amandes
- Noysilles
- Poyres crues
- Jonchée
Succédant à son père, Geoffroy II de Nancy (1355-1410) reprit la maison-forte de Gombervaux où sa femme Marguerite de Toul et lui passèrent du bon temps. Leur fils Andreu de Nancy épousa Alix de Chardogne (fille de Ferry II), qui lui donna une fille Jeanne de Nancy. La Maison de Nancy s'éteignit sans héritier mâle et la maison-forte de Gombervaux tomba entre les mains d'Eustache de Vernancourt, seigneur de Mattencourt (+ en 1429), en tant que conjoint de Jeanne de Nancy.
Les Vernancourt ne restèrent pas longtemps seigneurs de Gombervaux puisque Jean de Vernancourt, héritier d'Eustache, n'eut qu'une fille, Nicole, de son union avec Etiennette de Bellemagnien. C'est ainsi que Pierre des Salles (1450-1509), en épousant à Nicole de Vernancourt (1472-1516), prit possession des biens des Vernancourt.
Pierre des Salles participa à la Bataille de Nancy (5 janvier 1477) en aidant le duc René II de Lorraine à vaincre Charles le Téméraire et ses troupes.
La famille des Salles occupa désormais la maison-forte de Gombervaux : Philippe des Salles (1500-1560) et sa femme Renée d'Haussonville (1510-1594) puis Jean des Salles (1540-1575), et son épouse Marguerite du Hautoy (1540-1600).
Avec le mariage de la fille de Jean des Salles, Antoinette (1573-1619) avec Simon de Myon (1569-1619), seigneur de Clérey, chambellan duc de Lorraine, Gombervaux changea encore de mains en passant entre celles de la famille de Myon. En 1617, au moment où Henri II de Bourbon, prince de Condé (1588-1646), contestait la régence de Marie de Médicis et de Concini, ses partisans s'emparèrent, sans coup-férir, de la maison-forte de Gombervaux. Après 13 jours de siège, les troupes royales de Vaucouleurs reprirent la forteresse et Simon de Myon, un temps chassé par les rebelles, retrouva sa chère maison-forte de Gombervaux. Gabriel de Myon (1590-1657), qui succéda à son père, fut récompensé, pour services rendus, par le roi de France qui érigea ses terres en baronnie en 1660. De son union avec Christine Richard de Clévant, naquit Jeanne Henriette de Myon (1647-1729), qui amena la maison-forte à son mari, François du Breuil de la Brossardière (1630-1702), seigneur de Tusey. François II du Breuil de la Brossardière (1679-1763) puis Claude François du Breuil de la Brossardière (1714-1769), devinrent successivement baron de Gombervaux.
Le château de Gombervaux dont les douves sont asséchées.
(Début XIXe siècle. Œuvre d’Émile Prisse d'Avesnes)
L'héritière de Claude François du Breuil de la Brossardière, Jeanne Thérèse (1746-1832) épousa Charles François de Maillart (1727-1816). Trouvant la vieille forteresse médiévale de Gombervaux inconfortable, les derniers propriétaires nobles lui préférèrent le château de Tusey, près de Vaucouleurs.
Dès 1769, Gombervaux devint une exploitation agricole.
En 1843, la maison-forte de Gombervaux fut vendue et servit de carrière de pierre.
En 1989, l'Association Gombervaux vit le jour et commença les premiers travaux de sauvetage.
En 1994, le classement de la forteresse intervient enfin.
Le château de Gombervaux
(Dessin d'Edmond Richardin. 1906)
Le domaine est la propriété de la famille Plauche Gillon depuis plusieurs génération.
Architecture
Lorsqu’on observe la maison-forte de Gombervaux depuis les hauteurs, on constate immédiatement que celle-ci est construite sur une plateforme quadrangulaire, très peu surélevée, d'environ 50 m de coté, entourée de larges douves alimentées par une source.
La maison-forte de Gombervaux depuis les champs ; on remarquera la carrière en arrière plan.
De plan quadrangulaire avec une tour ronde dans chaque angle et d'une tour-porte au centre de courtine sud-ouest, la maison-forte de Gombervaux ressemble aux autres châteaux de type philippien construit dans le royaume de France à partir du règne du roi Philippe II Auguste (1180-1223). Gombervaux a donc des similitudes, dans une moindre mesure, avec les forteresses de Dourdan, Louvre, Yèvres-le-Châtel, Aigues-Mortes...
Aujourd'hui, seule la courtine sud-ouest est quasiment conservée, mis à part l'arasement des tours d'angle et la perte du parapet crénelé les reliant à la tour-porte ainsi qu'une partie de l'habitat. Du reste de la maison-forte, les débris de la tour ouest sont encore visible et sont préservés par l'association Gombervaux.
La maison-forte de Gombervaux dans son environnement
(tirée du site
IMAGE de l'Université Nancy II)
Plan de la maison-forte de Gombervaux
(tirée du site
IMAGE de l'Université Nancy II)
La tour-porte est garnie de blasons placés au-dessus de la porte d’entrée. Ils appartiennent aux différents seigneurs qui ont possédé Gombervaux. Le premier, placé au centre du mur au-dessus des autres, présente les armes de la famille de Myon (écartelé d'or et de gueules) sous un arc trilobé. En dessous, on trouve, à gauche, le blason des Salles (d’argent à la tour donjonnée de sable, posée sur une motte de sinople) ; et, à droite, celui des Pulligny (d'azur au lion d'argent), famille de l'épouse de Geoffroy de Nancy. A l'origine, le blason de Geoffroy 1er de Nancy occupait vraisemblablement celui des Salles.
En-dessous du blason des Salles, on remarquera deux petits trous carrés, qui permettaient de laisser passer et coulisser les chaînes du pont-levis. Une herse pouvait également être abaissée en cas de danger. Apparemment cette tour-porte était aussi bien résidentielle que défensive.
Enfin, au sujet des pierres utilisées, il semble, d'après Cédric Moulis, que les pierres ocres proviennent du hameau de Sepfond et les autres des carrières situées à Saint-Germain.
Le château depuis le champ de blé
Tour ouest et tour-porte
La façade sud-ouest avec les douves
Le donjon-porche de 22 mètres de haut et les douves
Tour-porche : Herse mise en place en 2017
Tour-porte : Les différentes armoiries (famille de Myon, de Salles et de Pulligny) et
les deux trous carrés depuis lesquels sortaient les chaînes du pont-levis.
Tour-porte : Blason aux de la famille de Myon (écartelé d'or et de gueule)
Tour-porte : Blason aux de la famille des Salles
(d'argent à la Tour donjonnée de sable, posée sur une motte de sinople)
Tour-porte : Blason de la famille de Pulligny (d'azur au lion d'argent)
Courtine sud-ouest : Fenêtre à linteau trilobé garni du blason des Pulligny (d'azur au lion d'argent)
Courtine sud-ouest : Fenêtre à linteau trilobé garni du blason de Geoffroy de Nancy
(D'argent à la croix engrêlée de gueules)
Tour ouest
Tour ouest : Archère à étrier et canonnières
Les douves nord-ouest avec au fond le lavoir et la source
Les douves nord-est
Tour ouest et tour-porte
Les douves enserrant la forteresse et basse-cour.
La tour-porche depuis la cour
La tour-porche : le crénelage
Tour-porte : le porche en plein cintre
Tour sud : Arrachement du mur liant à l'origine cette tour à celle en ruine.
On remarquera le couloir qui était ménagé dans la muraille !
Tour sud : Archère à étrier et canonnières
Tour ouest : Archères à étrier
Tour sud : Archère à étrier et canonnières
La tour nord-est en ruine
La tour nord-est - La porte d'entrée enfouie
La tour nord-est - Le couloir de la porte d'entrée
La tour nord-est - La voûte effondrée
La tour nord-est - Fenêtre de l'étage
La tour-porte depuis la tour nord-est ruinée
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ou sur l'image
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Localisation de Vaucouleurs en Meuse
Localisation du château de Gombervaux
(Vous pouvez agrandir la carte en cliquant ICI)
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