L'article historique que je vous propose ici, devait à l'origine paraître dans la revue Histoire Médiévale des Éditions Harnois, mais ladite maison d'édition a fait faillite. Vous le trouverez alors ci-dessous modifié et agrémenté d'encadrés, d'une chronologie et d'un état des lieux des abbayes possessionnées dans le Saulnois. Une autre mouture de cet article est paru dans les colonnes de la Revue Lorraine Populaire en 2003 sous le titre "L'or blanc du saulnois"
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LES ECCLÉSIASTIQUES ET LE SEL
L’exemple lorrain du Saulnois
(VIIIe – XVe siècle)
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L’exemple lorrain du Saulnois
(VIIIe – XVe siècle)
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La Lorraine possède plusieurs bassins salifères exceptionnels, exploités dès l’Age du Fer. Les régions de Sarralbe, Rosières-aux-Salines et du Saulnois constituent l’essentiel des réserves lorraines. Au Moyen-Age, l'épiscopat, les établissements monastiques et les chapitres cathédraux lorrains ou étrangers vont rapidement prendre conscience que cette denrée est précieuse.
Nous nous intéresserons ici à l'exploitation de l'or blanc de la haute vallée de la Seille.
Les salines et leurs détenteurs avant le VIIIe siècle.
Le Saulnois concentre de formidables réserves d’eau salée, provenant d’une longue évolution géologique. Les premiers saliniers avaient, par la technique de cuisson de la saumure, communément appelée "briquetage" (voir en fin d'article l'encadré), extrait une quantité non négligeable de sel. L’amoncellement de plus de trois millions de mètres cubes d’argile et de déchets sur 120 hectares et sur 2 à 8 mètres d’épaisseur est le résultat de cette activité millénaire.
Les Romains, qui préféraient utiliser les eaux salées comme eaux thermales, avaient initié les Mediomatriques et les Leuques, peuples gaulois de la Gaule Belgique, à une nouvelle technique d'exploitation saline : le "briquetage". L'usage de poêles chauffés au bois, qui était employé auparavant, fut alors abandonné à partir de ce moment !
Avec l’assèchement des mares salées apparurent des îlots d'habitations et de nouvelles cités, comme Vic-sur-Seille (Vicus Bodatius), Moyenvic (Medianus Vicus) et Marsal (Marosalum).
Marsal - Façade de la collégiale Saint-Léger (XIIe - XVe siècle)
Marsal - Porte de France (XVIIe siècle)
Les archives monastiques du VIIe siècle nous apprennent que les salines de Vic-sur-Seille, Moyenvic et Marsal, alors entre les mains des souverains mérovingiens, exploitaient déjà les réserves salifères à leur seul profit. Rapidement, des concessions furent cependant octroyées à divers établissements ecclésiastiques. Ainsi, vers 682 ou 683, le duc Theotchar céda à l'abbé Chroduin de Wissembourg (en Alsace), un bâtiment et un entrepôt pour l’exploitation du sel situé à Marsal ainsi qu’un autre à Vic-sur-Seille, qui appartenait jadis à un certain Wrangulf. L'abbaye bénédictine de Wissembourg obtint par la suite d'autres places à sel à Marsal, grâce aux donations de deux particuliers, Bertram et Bodo.
Moyenvic - Porte de la saline (XVIIe siècle)
(avant la récente restauration)
(avant la récente restauration)
Vic-sur-Seille - Maison de la Monnaie
Du VIIIe à la fin du XIIe siècle : un monopole monastique.
Jouant un rôle majeur dans l’extraction et le commerce du sel, les monastères lorrains et étrangers disposaient, dans la haute vallée de la Seille, d'un nombre important de salines, situées majoritairement à Vic-sur-Seille, Moyenvic, Marsal et Dieuze. Les termes latins alors employés (dans les archives) pour désigner ces salines et les emplacements salins sont les suivants : sedes, salinaria, sessus salinaris, sedes salina, sessio salis.
Dieuze - Gravure de la ville avec la saline fortifiée (XVIIe siècle)
On distingue également un puits à sel sur la droite.
(Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle)
Les différents ordres monastiques lorrains exploitèrent assez tôt les réserves salifères du Saulnois. Par exemple, l’abbaye mosellane de Gorze, fondée en 749 par l’évêque de Metz Saint Chrodegang (712-766), s’intéressa la première au sel. En effet, Chrodegang lui octroya plusieurs places à sel situées à Vic-sur-Seille. Puis, en raison des revenus qu'ils en tiraient, les abbés de Gorze, Einold (934-967) et Jean de Vandières (968-976) firent tout pour protéger leurs salines vicoises. En 987, un noble du nom d’Herbert céda au monastère les deux tiers d’une poêle et d’une place à sel qu’il possédait lui aussi à Vic-sur-Seille.
Gorze- L'abbatiale Saint-Etienne
Gorze - Le bas-côté nord avec ses portails
Gorze - Le portail du jugement dernier (XIIIe siècle)
Dès le VIIIe siècle, l’abbaye messine Saint-Arnould disposait de salines à Vic-sur-Seille. Quatre siècles plus tard, au XIIe siècle, cet établissement était propriétaire de vingt-neuf emplacements à sel à Marsal dont quatre étaient exempts de toute redevance foncière (le cens).
Au début du IXe siècle, l’abbaye meusienne de Saint-Mihiel prit elle aussi conscience de l'importance du sel et décida évidement de s'implanter dans le Saulnois. Vers l’an 800, ce monastère reçut de l’abbé Fulrad de Saint-Denis (750-784) quelques places à sel situées à Vic-sur-Seille et à Marsal. Dès 816, le roi de France Louis le Pieux, alors protecteur de l’abbaye, demanda à ses agents, chargés du recouvrement des taxes (tonlieux), de n'en prélever aucunes lorsque le sel était transporté au monastère. En 1105, le pape Pascal II (1099-1118) confirma que les moines samiellois détenaient bien des poêles à sel à Vic-sur-Seille et à Marsal.
Les établissements religieux toulois semblent également bien dotés dans le Saulnois. En 836, l’évêque Frotar de Toul (814-846) attribua à l’abbaye Saint-Evre, des terres en fermage avec deux salines localisées à Moyenvic. Puis, vers 987, une certaine Christophora céda elle aussi ses biens vicois aux moines toulois.
Dès 1025, un nouveau centre d’exploitation du sel entra en activité à Dieuze ; il dépendait alors du chapitre de la Madeleine de Verdun. Le comte de Verdun et duc de Haute-Lorraine, Godefroid II le Barbu (1044-1047) y possédait même un puits salé et des droits. Vers 1052, les chanoines verdunois reçurent les biens du comte Godefroid. A partir de 1062, un marché, lié au commerce du sel, se tenait alors régulièrement à Dieuze. En 1066, Gérard IV, duc de Lorraine et comte d’Alsace (1048-1070), pour se positionner, aurait acheté la moitié de Dieuze avec des places à sel !
La tour-porche de l'entrée de l'abbaye Saint-Evre de Toul
Quand aux chanoines de Saint-Gengoult de Toul, ils reçurent, en 1065, de l’évêque Udon trois places à sel, une à Vic-sur-Seille et deux à Moyenvic. En 1102, les mares salées moyenvicoise étaient toujours en leur possession et en 1220, ils les affermèrent aux chanoines du chapitre cathédral de Toul. La même année, un différend les opposa aux moines bourguignons de l’abbaye cistercienne de La Crête au sujet des revenus de ces salines. En effet, les moines cisterciens était persuadés que les chanoines de la collégiale Saint-Gengoult leur devaient un cens pour les salines détenues.
Toul - Collégiale Saint-Gengoult
Toul - Bas-côté sud de la Collégiale Saint-Gengoult
Toul - Cathédrale Saint-Étienne depuis les remparts
Toul - Le cloître
Au début du XIe siècle, l’abbaye mosellane de Neumunster reçut de l’évêque Adalbéron II de Metz (984-1005) deux poêles à sel, situées à Marsal. Le monastère Saint-Rémy de Lunéville obtint, en 1034, des comtes Godefroid et Hermann, fils de Folmar, comte de Metz, une poêle à sel à Vic-sur-Seille.
Dès le Xe siècle, l’abbaye de Bouxières-aux-Dames, située aux alentours de Nancy, avait une poêle à sel, don d'un certain Hugo.
Dès 1025, un nouveau centre d’exploitation du sel entra en activité à Dieuze ; il dépendait alors du chapitre de la Madeleine de Verdun. Le comte de Verdun et duc de Haute-Lorraine, Godefroid II le Barbu (1044-1047) y possédait même un puits salé et des droits. Vers 1052, les chanoines verdunois reçurent les biens du comte Godefroid. A partir de 1062, un marché, lié au commerce du sel, se tenait alors régulièrement à Dieuze. En 1066, Gérard IV, duc de Lorraine et comte d’Alsace (1048-1070), pour se positionner, aurait acheté la moitié de Dieuze avec des places à sel !
Dieuze - Dessin de la cité et de la saline fortifiée (XVIIe siècle)
(Musée d'Art et d'Histoire de Toul)
D’autres chapitres réguliers lorrains se portèrent également acquéreurs d'emplacements salins dans la haute vallée de la Seille. Ainsi à partir de 1127, la collégiale Saint-Sauveur de Metz accepta des mains de l’évêque de Liège, Adalbéron de Louvain, deux emplacements situés à Hegnecourt (localité disparue près de Marsal). En 1161, Thierry, chanoine à la collégiale messine Saint-Thiébaut, donna vers 1161 à Saint-Sauveur, un endroit à sel qu'il détenait à Vic-sur-Seille.
Le sel étant si précieux, les Cisterciens, implantés en Lorraine, firent rapidement l’acquisition d’emplacements et de poêles à sel dans le Saulnois. Ainsi, en 1138, l’évêque de Metz, Etienne de Bar (1120-1163) accorda à l’abbaye cistercienne de Saint-Benoît en Woëvre un poêle à sel à Marsal moyennant une redevance (soit en sel, soit en argent). En 1159, l’abbaye de Beaupré prit possession de cinq places à sel dont trois situées à Vic-sur-Seille, une à Marsal et une à Moyenvic. En 1191, l’évêque Bertram de Metz (1180-1212) remit à l’abbaye de Haute-Seille (déjà détentrice d’emplacements et de poêles), deux emplacements à sel qu'il avait à Marsal.
Les établissements extérieurs à la Lorraine détenant des salines.
En dehors des monastères lorrains, d’autres abbayes et chapitres cathédraux étaient possessionnés dans la haute vallée de la Seille. Dès le VIIIe siècle, les abbayes bénédictines allemandes (Saint-Maximin et Saint-Marie d’Oeren de Trèves et Saint-Sauveur de Prüm), alsaciennes (Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Wissembourg, Saint-Maur de Marmoutier, Saint-Léger de Murbach, Saint-Grégoire de Munster, Ebermunster et Ettenheimunster) et franc-comtoises (Luxeuil) possédaient des emplacements salifères à Vic-sur-Seille, Moyenvic et Marsal.
En 786 et 792, un certain Helimund dota notamment l’abbaye de Wissembourg de places à sel à Marsal. Les censiers (ceux qui percevaient le cens) des abbayes de Prüm (893) et de Mettlach (Xe-XIe siècle) consignèrent, dans leurs registres, le nombre de poêles à sel détenus et le mode de fermage employé. On apprend aussi que les tenanciers des domaines abbatiaux devaient convoyer, à date fixe, le sel jusqu’à l’abbaye.
De nombreuses abbayes cisterciennes bourguignonnes et champenoises possédaient également des emplacements dans les différends centres salins du Saulnois dès le début du XIIe siècle. Posséder du sel leur était notamment nécessaire pour satisfaire les besoins du bétail des monastères. Acquérir un maximum de places à sel devint désormais une priorité pour les Cisterciens. Les abbayes de Morimond, la Crête et Clairvaux figurent d'ailleurs parmi les plus actives dans l'acquisition de salines. On constate alors qu'elles disposaient de places et de poêles à sel dans les marais salants lorrains de Marsal, Moyenvic et Vic-sur-Seille.
Les Prémontrés ne restèrent pas très longtemps à l’écart. Pour cela, ils se mirent aussi en quête de places à sel dans le Saulnois. Ainsi, on remarque que les abbayes lorraines de Mureau, Justemont, Salival (dont le nom vient évidement du sel), champenoise de Septfontaines et allemande de Wadgassen possédaient ce type de biens dès le XIIe siècle.
L’essor de l’exploitation du sel dans cette haute vallée de la Seille, entamé au XIIe siècle, passa ainsi par l’augmentation du nombre de propriétaires monastiques dans le Saulnois et engendra inévitablement la compétition entre eux. Aux siècles suivants, cette concurrence aboutit aux monopoles épiscopal et ducal avec l’éviction des prétendants privés et religieux.
Les XIIIe et XIVe siècles, la fin de la propriété privée et le début du monopole épiscopal et ducal.
Au tout début du XIIIe siècle, les évêques de Metz prirent conscience de l’enjeu financier que représentaient les salines. Ainsi, ils commencèrent petit à petit à se saisir de celles-ci. Leur but était clair, évincer tous les autres propriétaires du Saulnois. Pour cela, ils mirent en place une politique draconienne visant à ne plus accorder de franchise à qui que ce soit. Le duc de Lorraine essaya lui aussi de s’imposer dans le Saulnois et devint un redoutable compétiteur pour l’évêque de Metz.
Dès 1208, l’évêque Bertram, qui avait fait édifier un château et des remparts à Vic-sur-Seille en 1200 (pour se prémunir de l’avidité du duc de Lorraine et du comte de Bar), entra en désaccord avec les abbayes cisterciennes exploitant le sel du Saulnois. Les abbés de Clairvaux, Trois-Fontaines, Cherlieu, Bithaine, La Chalade, Villers-Bettnach, Saint-Benoît-en-Woëvre, Châtillon-en-Woëvre, Beaupré, Haute-Seille, Lisle-en-Barrois, Vaux-en-Ornois, Montiers-en-Argonne, Clairlieu, Woerschweiler et l’Etanche furent ainsi tenus de payer annuellement une redevance de cinq muids avec une mine de sel sise à Marsal et trois mesures de sel plus 16 deniers pour ceux de Vic-sur-Seille. Relevant de l’évêché messin, toutes les salines cisterciennes ne purent cependant être aliénées par qui que ce soit !
Bien que l’évêque Conrad de Scharfenberg (1212-1224) octroya encore, vers 1215, deux concessions aux abbayes de Villers-Bettnach et Saint-Vincent de Metz (qui obtint 12 poêles à sel supplémentaires – elle en possédait déjà 25 – situées à Marsal), on assista à une modification notable des visées épiscopales. Ainsi, l’évêque Jacques d’Apremont (1224-1238) aliéna, en viager, à la léproserie de Saint-Ladre (près de Metz) trois poêles à sel établis à Vic-sur-Seille. Son successeur, Jacques de Lorraine (1238-1261) affirma qu'il voulait faire main basse sur les possessions salines monastiques en essayant d’en limiter le nombre et l’usage. De 1239 à 1260, il fit donc enserrer de remparts les villes et salines en sa possession. En 1246, il enjoignit les abbayes cisterciennes de s’acquitter des taxes dues lors de la vente du sel qu'elles avaient effectué à Marsal, Moyenvic et Vic-sur-Seille. En 1256, il échangea avec son neveu Ferry III de Lorraine ses salines de Rosières contre celle de Moyenvic. Les revenus de ces dernières lui permirent de rembourser ses dettes auprès des banquiers messins en 1260. Son action se porta également sur les autres centres salins de la région, notamment à Sarralbe.
Dès la deuxième moitié du XIIIe siècle, les évêques de Metz redresseront la situation financière alors désastreuse de l’évêché. Les cens et autres revenus attachés à leurs salines contribuèrent au recouvrement de dettes contractées auprès de banquiers et bourgeois messins. En 1253, débiteur, l’évêque Jacques de Lorraine permit à deux citains de Metz – Nicole de Châtel et Richard de Sus le Mur – de prélever 3 500 muids de sel sur ses salines de Vic-sur-Seille. Son successeur Guillaume de Trainel (1264-1269) fut contraint d’engagé, en 1264 , ses salines marsalaises et vicoises pour 20 000 livres auprès du comte Thiébaut II de Bar car les finances épiscopales étaient au plus mal. Avec le concours du pape Urbain IV, il put ainsi prélever les revenus des salines dépendant des Cisterciens, Prémontrés et Bénédictins. L’année suivante, il acheta à trois chevaliers vicois, Huart, Bertrand et Renaud, le droit d’édifier des salines à Moyenvic, leur laissant en contre-partie la jouissance de celles-ci durant 3 ans. En 1268, l’abbaye de Salival se défit auprès de l’évêché messin de la saline de Saléaux. Celle-ci fut hypothéquée en 1269 auprès du comte Henri IV de Salm. Ces transactions augmentèrent encore le potentiel fiscal de l’évêché. Le prélat Gérard de Relanges (1297-1302) acquit, entre 1296 et 1301 des salines à Marsal et Moyenvic, exceptées celles des chanoines de Saint-Gengoult de Toul et fit édifier un petit château de plaisance où il décèdera le 30 juin 1302. En 1299, un bourgeois de Vic, Jean Poiret, proposa alors à l’évêque Gérard de Relanges d’exploiter les bancs de sel en creusant des galeries ; mais de peur de tarir les sources salées, le refus fut catégorique.
La compétition devint très rude pour la possession des salines saulnoises et l’évêque de Metz, Philippe de Florange (1260-1263) fut parfois confronté aux pires difficultés. Ainsi, en 1267, le duc Ferry III de Lorraine (1240-1302) et le comte de Bar détruisirent la quasi-totalité de ses salines de Moyenvic. En 1273, le duc de Lorraine se saisit aussi des salines messines de Marsal et de Vic-sur-Seille car l’évêque de Metz Laurent de Lichtenberg (1269-1280) ne pouvait rembourser les emprunts ducaux contractés. Pour le contrôle des salines vicoises, la rivalité entre le pontife messin et le duc lorrain se traduisit par la suite par une série de coups de main entre 1275 et 1278. L’évêque Gérard de Relanges essaya de calmer le jeu par la suite.
A partir du XIVe siècle, l’évêque de Metz, Renaud de Bar (1302-1316) et le duc de Lorraine se partagèrent l’exploitation du sel en Lorraine. Les salines de Marsal, Moyenvic et Vic-sur-Seille dépendirent alors de l’évêché messin et celles de Dieuze, Amélécourt, Château-Salins et Lindre-Basse du duché lorrain (petite précision : le duc de Bar et le comte des Deux-Ponts possédaient respectivement des parts dans les deux dernières). En ce qui concerne l’origine des droits des ducs de Lorraine à Dieuze, il semblerait que le duc Ferry II y possédait des serfs dès 1211 et que le duc Thiébaut II obtint, dès 1216, du chapitre de la Madeleine de Verdun plusieurs droits dont la possibilité d’exploiter le sel, moyennant le paiement d’une redevance. En 1259, le duc Ferry III dut concéder Dieuze à son oncle Jacques de Lorraine ; mais en 1260, à la mort de ce dernier, elle revint définitivement au duc de Lorraine. A l’instar de Rosières-aux-Salines (dans le Lunévillois), Dieuze fut la seconde saline ducale en volume. Enfin, en 1296, le chapitre de la Madeleine de Verdun octroya ses derniers biens dieuzois en bail au duc de Lorraine.
Après 1300, les mentions d’autres salines privées ou religieuses sont rares. Les abbayes détenant des places et poêles à sel dans le Saulnois rencontrèrent de plus en plus de difficultés pour exploiter le sel en raison notamment de l’éloignement. La nécessité de se défaire de ces établissements salins passa alors par la donation ou la vente. La collégiale de Marsal récupéra ainsi quelques places à sel de l’abbaye cistercienne de Cherlieu en 1298.
La lutte pour le contrôle et la possession des salines entre l'évêque de Metz et le duc de Lorraine tourna à la guerre ouverte. En 1326, les troupes ducales détruisirent les salines épiscopales de Vic-sur-Seille et une forteresse ducale fut construite à Château-Salins pour protéger la production de sel.
En 786 et 792, un certain Helimund dota notamment l’abbaye de Wissembourg de places à sel à Marsal. Les censiers (ceux qui percevaient le cens) des abbayes de Prüm (893) et de Mettlach (Xe-XIe siècle) consignèrent, dans leurs registres, le nombre de poêles à sel détenus et le mode de fermage employé. On apprend aussi que les tenanciers des domaines abbatiaux devaient convoyer, à date fixe, le sel jusqu’à l’abbaye.
De nombreuses abbayes cisterciennes bourguignonnes et champenoises possédaient également des emplacements dans les différends centres salins du Saulnois dès le début du XIIe siècle. Posséder du sel leur était notamment nécessaire pour satisfaire les besoins du bétail des monastères. Acquérir un maximum de places à sel devint désormais une priorité pour les Cisterciens. Les abbayes de Morimond, la Crête et Clairvaux figurent d'ailleurs parmi les plus actives dans l'acquisition de salines. On constate alors qu'elles disposaient de places et de poêles à sel dans les marais salants lorrains de Marsal, Moyenvic et Vic-sur-Seille.
Les Prémontrés ne restèrent pas très longtemps à l’écart. Pour cela, ils se mirent aussi en quête de places à sel dans le Saulnois. Ainsi, on remarque que les abbayes lorraines de Mureau, Justemont, Salival (dont le nom vient évidement du sel), champenoise de Septfontaines et allemande de Wadgassen possédaient ce type de biens dès le XIIe siècle.
L’essor de l’exploitation du sel dans cette haute vallée de la Seille, entamé au XIIe siècle, passa ainsi par l’augmentation du nombre de propriétaires monastiques dans le Saulnois et engendra inévitablement la compétition entre eux. Aux siècles suivants, cette concurrence aboutit aux monopoles épiscopal et ducal avec l’éviction des prétendants privés et religieux.
Les XIIIe et XIVe siècles, la fin de la propriété privée et le début du monopole épiscopal et ducal.
Tour circulaire du château épiscopal
(avant les récentes restaurations)
(avant les récentes restaurations)
Le châtelet d'entrée du château épiscopal
(état avant les restaurations récentes)
Dès 1208, l’évêque Bertram, qui avait fait édifier un château et des remparts à Vic-sur-Seille en 1200 (pour se prémunir de l’avidité du duc de Lorraine et du comte de Bar), entra en désaccord avec les abbayes cisterciennes exploitant le sel du Saulnois. Les abbés de Clairvaux, Trois-Fontaines, Cherlieu, Bithaine, La Chalade, Villers-Bettnach, Saint-Benoît-en-Woëvre, Châtillon-en-Woëvre, Beaupré, Haute-Seille, Lisle-en-Barrois, Vaux-en-Ornois, Montiers-en-Argonne, Clairlieu, Woerschweiler et l’Etanche furent ainsi tenus de payer annuellement une redevance de cinq muids avec une mine de sel sise à Marsal et trois mesures de sel plus 16 deniers pour ceux de Vic-sur-Seille. Relevant de l’évêché messin, toutes les salines cisterciennes ne purent cependant être aliénées par qui que ce soit !
Bien que l’évêque Conrad de Scharfenberg (1212-1224) octroya encore, vers 1215, deux concessions aux abbayes de Villers-Bettnach et Saint-Vincent de Metz (qui obtint 12 poêles à sel supplémentaires – elle en possédait déjà 25 – situées à Marsal), on assista à une modification notable des visées épiscopales. Ainsi, l’évêque Jacques d’Apremont (1224-1238) aliéna, en viager, à la léproserie de Saint-Ladre (près de Metz) trois poêles à sel établis à Vic-sur-Seille. Son successeur, Jacques de Lorraine (1238-1261) affirma qu'il voulait faire main basse sur les possessions salines monastiques en essayant d’en limiter le nombre et l’usage. De 1239 à 1260, il fit donc enserrer de remparts les villes et salines en sa possession. En 1246, il enjoignit les abbayes cisterciennes de s’acquitter des taxes dues lors de la vente du sel qu'elles avaient effectué à Marsal, Moyenvic et Vic-sur-Seille. En 1256, il échangea avec son neveu Ferry III de Lorraine ses salines de Rosières contre celle de Moyenvic. Les revenus de ces dernières lui permirent de rembourser ses dettes auprès des banquiers messins en 1260. Son action se porta également sur les autres centres salins de la région, notamment à Sarralbe.
Dès la deuxième moitié du XIIIe siècle, les évêques de Metz redresseront la situation financière alors désastreuse de l’évêché. Les cens et autres revenus attachés à leurs salines contribuèrent au recouvrement de dettes contractées auprès de banquiers et bourgeois messins. En 1253, débiteur, l’évêque Jacques de Lorraine permit à deux citains de Metz – Nicole de Châtel et Richard de Sus le Mur – de prélever 3 500 muids de sel sur ses salines de Vic-sur-Seille. Son successeur Guillaume de Trainel (1264-1269) fut contraint d’engagé, en 1264 , ses salines marsalaises et vicoises pour 20 000 livres auprès du comte Thiébaut II de Bar car les finances épiscopales étaient au plus mal. Avec le concours du pape Urbain IV, il put ainsi prélever les revenus des salines dépendant des Cisterciens, Prémontrés et Bénédictins. L’année suivante, il acheta à trois chevaliers vicois, Huart, Bertrand et Renaud, le droit d’édifier des salines à Moyenvic, leur laissant en contre-partie la jouissance de celles-ci durant 3 ans. En 1268, l’abbaye de Salival se défit auprès de l’évêché messin de la saline de Saléaux. Celle-ci fut hypothéquée en 1269 auprès du comte Henri IV de Salm. Ces transactions augmentèrent encore le potentiel fiscal de l’évêché. Le prélat Gérard de Relanges (1297-1302) acquit, entre 1296 et 1301 des salines à Marsal et Moyenvic, exceptées celles des chanoines de Saint-Gengoult de Toul et fit édifier un petit château de plaisance où il décèdera le 30 juin 1302. En 1299, un bourgeois de Vic, Jean Poiret, proposa alors à l’évêque Gérard de Relanges d’exploiter les bancs de sel en creusant des galeries ; mais de peur de tarir les sources salées, le refus fut catégorique.
Les cités fortifiées de Vic-sur-Seille, Moyenvic et Marsal avec leurs salines
Gravure du XVIIe siècle.
Musée Lorrain
La compétition devint très rude pour la possession des salines saulnoises et l’évêque de Metz, Philippe de Florange (1260-1263) fut parfois confronté aux pires difficultés. Ainsi, en 1267, le duc Ferry III de Lorraine (1240-1302) et le comte de Bar détruisirent la quasi-totalité de ses salines de Moyenvic. En 1273, le duc de Lorraine se saisit aussi des salines messines de Marsal et de Vic-sur-Seille car l’évêque de Metz Laurent de Lichtenberg (1269-1280) ne pouvait rembourser les emprunts ducaux contractés. Pour le contrôle des salines vicoises, la rivalité entre le pontife messin et le duc lorrain se traduisit par la suite par une série de coups de main entre 1275 et 1278. L’évêque Gérard de Relanges essaya de calmer le jeu par la suite.
Moyenvic en 1631 - La saline est dans le fond à droite
A partir du XIVe siècle, l’évêque de Metz, Renaud de Bar (1302-1316) et le duc de Lorraine se partagèrent l’exploitation du sel en Lorraine. Les salines de Marsal, Moyenvic et Vic-sur-Seille dépendirent alors de l’évêché messin et celles de Dieuze, Amélécourt, Château-Salins et Lindre-Basse du duché lorrain (petite précision : le duc de Bar et le comte des Deux-Ponts possédaient respectivement des parts dans les deux dernières). En ce qui concerne l’origine des droits des ducs de Lorraine à Dieuze, il semblerait que le duc Ferry II y possédait des serfs dès 1211 et que le duc Thiébaut II obtint, dès 1216, du chapitre de la Madeleine de Verdun plusieurs droits dont la possibilité d’exploiter le sel, moyennant le paiement d’une redevance. En 1259, le duc Ferry III dut concéder Dieuze à son oncle Jacques de Lorraine ; mais en 1260, à la mort de ce dernier, elle revint définitivement au duc de Lorraine. A l’instar de Rosières-aux-Salines (dans le Lunévillois), Dieuze fut la seconde saline ducale en volume. Enfin, en 1296, le chapitre de la Madeleine de Verdun octroya ses derniers biens dieuzois en bail au duc de Lorraine.
Après 1300, les mentions d’autres salines privées ou religieuses sont rares. Les abbayes détenant des places et poêles à sel dans le Saulnois rencontrèrent de plus en plus de difficultés pour exploiter le sel en raison notamment de l’éloignement. La nécessité de se défaire de ces établissements salins passa alors par la donation ou la vente. La collégiale de Marsal récupéra ainsi quelques places à sel de l’abbaye cistercienne de Cherlieu en 1298.
Marsal - La collégiale Saint-Léger
La lutte pour le contrôle et la possession des salines entre l'évêque de Metz et le duc de Lorraine tourna à la guerre ouverte. En 1326, les troupes ducales détruisirent les salines épiscopales de Vic-sur-Seille et une forteresse ducale fut construite à Château-Salins pour protéger la production de sel.
En 1347, les deux protagonistes essayèrent enfin de s’entendre sur la mise en place d’une saline commune ; mais le projet fut rapidement abandonné. Entre 1379 et 1382, le conflit reprit de plus belle entre l’évêque Thierry V Bayer de Boppart (1363-1384) et le duc Jean 1er de Lorraine (1348-1389) pour le contrôle de Salonnes et de Dieuze. Sur ordre du pontife messin, les salines et la cité de Moyenvic furent entourées de remparts en 1360 (restaurée en 1384) pour se prémunir d'éventuelles actions belliqueuses de la part du duc de Lorraine.
Le XVe siècle : le duc de Lorraine s’impose.
En 1402, l’évêque de Metz et le duc de Lorraine s’entendirent pour la mise en valeur des salines de Marsal et de Moyenvic. Les dispositions prises furent confirmées en 1413, 1423 et 1449. Entre temps, en 1426, ces salines furent inféodées au duc Charles II de Lorraine par l’évêque messin pour 3 700 florins d’or et 200 muids de sel par an.
Instaurée dans le royaume de France dès 1345 par Philippe VI de Valois, la gabelle fit des émules en Lorraine à partir de 1402. Les ducs, évêques, chapitres cathédraux et abbayes appliquèrent naturellement ce nouvel impôt sur le sel. Les rentrées d’argent participèrent ainsi aux redressements financiers.
Avec la Guerre de Cent Ans, le fonctionnement des établissements salins fut mis à mal. Les Écorcheurs saccagèrent et incendièrent les sites de Château-Salins et Salonnes. Les ducs de Lorraine, René d'Anjou et René II de Lorraine poursuivirent leur mainmise sur l’exploitation du sel aux dépens de l’évêché de Metz. La carence de main d’œuvre et la concurrence des autres centres salins, notamment allemands, engendra la fermeture des salines de Lindre-Basse en 1493, de Bride et d’Amélécourt à la fin du siècle, au moment même où les cités de Dieuze et Marsal et leurs salines s’entourèrent de murailles.
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L’exploitation du sel dans le Saulnois fut une activité millénaire que les moines et les chanoines surent valoriser. Peu à peu, la possession et l’exploitation des réserves salifères passa entre les mains des évêques de Metz et des ducs de Lorraine qui souhaitaient régner en maître en excluant évidement les monastères, chapitres séculiers et réguliers et autres propriétaires privés.
Pour finir, il faut souligner que la politique saline menée par les évêques de Metz et les ducs de Lorraine contribua largement à l’essor de cette activité qui perdure encore aujourd'hui à travers les salines modernes de Varangéville.
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ENCADRES COMPLEMENTAIRES
Le bassin salifère lorrain
La Lorraine est une terre où le sel gemme est abondant. Formés à différentes époques de l’ère secondaire, le gisement salifère se retrouve dans deux niveaux différents, noyés dans des formations imperméables, marneuses ou argileuses : le bassin Muschelkalk, remontant à 215 à 220 millions d’années, et le gisement Keuperien, formé il y a 200 à 205 millions d’années. Le premier est exploité dans la région de Sarrable et le second dans la région de Dombasle et de Dieuze. S’étendant sur 235 km, de la vallée de la Seille à Sézanne en Champagne, le bassin salifère du Keuperien offre les réserves les plus importantes (environ 1 000 milliards de tonnes).
Aux environs de Marsal, le gisement de sel Keupérien se trouve à des profondeurs relativement faibles, oscillant entre 70 et 200 mètres, permettant une exploitation plus aisée. La carte géologique des régions de Château-Salins et de Dieuze présente des marnes avec intercalations de gypse, en amas lenticulaires, et de puissantes masses de sel gemme (70m en une vingtaine de couches).
La technique de l'exploitation du sel
Pour extraire le sel des marais salants de la Seille, les sauniers ont établi des puits (puteus salis ou fossa) constitués de madriers de bois et de pierres. L’eau salée était ainsi sortie du puits au moyen de la furca (fourche) ou cyconia (cigogne, terme employé en 1127 par les moines de Senones pour désigner leur puits vicois), sorte de grosse poutre en bois, plantée verticalement dans le sol, dont la partie supérieure, évidée en forme de chape, servait à recevoir une autre pièce de bois rectangulaire moins épaisse, dénommée pertica (perche) ; celle-ci avait des bras inégaux dont le plus long comportait un crochet auquel était fixé un seau. Par un mouvement de bascule, le saunier pouvait alors atteindre le niveau de l’eau dans le puits.
Extraite du puits, l’eau salée était ensuite acheminée au moyen de conduites en bois (canalis ou conductus) vers les bâtiments de fabrication du sel (domus salinaria). A l’intérieur de ceux-ci se trouvaient les poêles à sel (patella, inea, eneum huna, hinium etc ). A l’origine en bronze ou en airain, puis ensuite en fer, ces poêles de 7 m sur 5 étaient posés sur des fourneaux (fornellum). Pour chauffer la saumure (muria), une grande quantité de bois était nécessaire (En 1127, par exemple, l’abbaye vosgienne de Senones fut autorisée à prélever du bois dans les forêts de l’évêché de Metz. Simon de Parroy en 1247, comme bon nombre d’autres seigneurs, essaya de contrôler le prélèvement de bois en établissant des limites). Ainsi par chauffage, l’eau s’évaporait laissant apparaître le précieux gemme.
Le sel était ensuite acheminé vers les lieux de stockage puis dispatché par voies navigables (Seille, Moselle, Meurthe etc) ou par voies terrestres jusqu’aux abbayes et autres possesseurs de salines.
Extraite du puits, l’eau salée était ensuite acheminée au moyen de conduites en bois (canalis ou conductus) vers les bâtiments de fabrication du sel (domus salinaria). A l’intérieur de ceux-ci se trouvaient les poêles à sel (patella, inea, eneum huna, hinium etc ). A l’origine en bronze ou en airain, puis ensuite en fer, ces poêles de 7 m sur 5 étaient posés sur des fourneaux (fornellum). Pour chauffer la saumure (muria), une grande quantité de bois était nécessaire (En 1127, par exemple, l’abbaye vosgienne de Senones fut autorisée à prélever du bois dans les forêts de l’évêché de Metz. Simon de Parroy en 1247, comme bon nombre d’autres seigneurs, essaya de contrôler le prélèvement de bois en établissant des limites). Ainsi par chauffage, l’eau s’évaporait laissant apparaître le précieux gemme.
Le sel était ensuite acheminé vers les lieux de stockage puis dispatché par voies navigables (Seille, Moselle, Meurthe etc) ou par voies terrestres jusqu’aux abbayes et autres possesseurs de salines.
Le briquetage
Des godets en argile remplis d’eau salée étaient disposés sur une sorte d’échafaudage en poterie, sous lequel était entretenu un foyer. Après évaporation, il ne restait plus qu’un pain de sel adhérant au godet qu’il fallait casser pour le récupérer. Cette activité explique le grand nombre de poteries retrouvées dans la vallée de la Seille.
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Les abbayes possessionnées à Marsal, Vic-sur-Seille et Moyenvic
A MARSAL
Abbayes lorraines :
- Abbaye cistercienne de Saint-Benoît-en-Woëvre.
- Abbaye cistercienne de Beaupré.
- Abbaye cistercienne de Villers-Bettnach.
- Abbaye cistercienne de Haute-Seille.
- Abbaye bénédictine Saint-Martin de Glandières.
- Abbaye bénédictine Saint-Vincent de Metz.
- Abbaye bénédictine de Saint-Avold.
- Abbaye bénédictine de Moyenmoutier.
- Abbaye prémontrée de Saint-Paul de Verdun.
- Abbaye prémontrée de Salival.
Abbayes bourguignonnes :
- Abbaye cistercienne de Bithaine.
- Abbaye cistercienne de Cherlieu.
- Abbaye cistercienne de Clairvaux.
Abbayes alsaciennes :
- Abbaye bénédictine de Wissembourg.
- Abbaye bénédictine de Marmoutier.
- Abbaye bénédictine de Graufthal.
Abbayes allemandes :
- Abbaye bénédictine Saint-Maximin de Trèves.
- Abbaye bénédictine de Neumunster.
- Abbaye prémontrée de Wadgassen.
- Abbaye cistercienne de Woerschwiller.
Autres abbayes :
- Abbaye bénédictine de Saint-Denis.
A VIC-SUR-SEILLE
Abbayes lorraines:
- Abbaye bénédictine de Gorze.
- Abbaye bénédictine de Saint-Mihiel.
- Abbaye bénédictine Saint-Arnould de Metz.
- Abbaye bénédictine Saint-Martin de Metz.
- Abbaye bénédictine Sainte-Croix-de-Metz.
- Abbaye bénédictine Sainte-Glossinde de Metz.
- Abbaye bénédictine Saint-Rémy de Lunéville.
- Abbaye bénédictine Saint-Martin de Glandières.
- Abbaye bénédictine Saint-Evre de Toul.
- Abbaye bénédictine de Senones.
- Abbaye cistercienne de Beaupré.
- Abbaye cistercienne de Clairlieu.
- Abbaye prémontrée de l’Etanche.
- Abbaye prémontrée de Salival.
- Abbaye de Chanoines réguliers de Belchamps.
- Collégiale Saint-Gengoult de Toul.
- Collégiale Saint-Thiébaut de Metz.
- Abbaye bénédictine de Gorze.
- Abbaye bénédictine de Saint-Mihiel.
- Abbaye bénédictine Saint-Arnould de Metz.
- Abbaye bénédictine Saint-Martin de Metz.
- Abbaye bénédictine Sainte-Croix-de-Metz.
- Abbaye bénédictine Sainte-Glossinde de Metz.
- Abbaye bénédictine Saint-Rémy de Lunéville.
- Abbaye bénédictine Saint-Martin de Glandières.
- Abbaye bénédictine Saint-Evre de Toul.
- Abbaye bénédictine de Senones.
- Abbaye cistercienne de Beaupré.
- Abbaye cistercienne de Clairlieu.
- Abbaye prémontrée de l’Etanche.
- Abbaye prémontrée de Salival.
- Abbaye de Chanoines réguliers de Belchamps.
- Collégiale Saint-Gengoult de Toul.
- Collégiale Saint-Thiébaut de Metz.
Abbayes allemandes :
- Abbaye bénédictine Saint-Sauveur de Prüm.
- Abbaye bénédictine Sainte-Marie de Oeren de Trèves.
- Abbaye bénédictine Saint-Mathias de Trèves
- Abbaye bénédictine de Mettlach.
Abbayes bourguignonnes :
- Abbaye prémontrée de Septfontaines.
Autres abbayes :
- Abbaye bénédictine de Saint-Denis.
- Abbaye cistercienne de Trois-Fontaines.
A MOYENVIC
Abbayes lorraines :
- Abbaye bénédictine Notre-Dame de Bouxières-aux-Dames.
- Abbaye bénédictine Saint-Evre de Toul.
- Abbaye bénédictine de Senones.
- Abbaye prémontrée de Mureau.
- Abbaye cistercienne de Beaupré.
- Collégiale Saint-Gengoult de Toul.
Abbayes bourguignonnes :
- Abbaye cistercienne de Claivaux.
- Abbaye cistercienne de Morimond.
Abbayes alsaciennes :
- Abbaye de Wissembourg.
- Abbaye de Marmoutier.
Autres abbayes :
- Abbaye de Luxeuil.
- Abbaye de Montier-en-Der.
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Chronologie
58 avant J.C
Les Romains occupent le pays des Médiomatriques et poursuivent l’exploitation des mares salées de la haute vallée de la Seille.
VIIe siècle
Les salines de Marsal, Vic-sur-Seille et Moyenvic appartiennent aux rois mérovingiens.
661
Mention de la Seille (Salia) et du pays du Saulnois (Salinensis paganus).
682-683
Le duc Theotchar, père d’Irmina, abbesse d’Oeren cède à l’abbaye de Wissembourg une place à sel à Marsal.
775-777
Mention de Salonnes et de son prieuré (dépendant de l’abbaye de Saint-Denis) édifié par Charlemagne.
800
L’abbé Fulrad de Saint-Denis donne à l’abbaye de Saint-Mihiel des places à sel à Vic et Marsal.
803
Les salines de Dieuze auraient appartenu à l’abbaye de Trèves.
816
Louis le Pieux interdit aux agents des tonlieux de prélever des taxes sur les voitures transportant le sel de l’abbaye de Saint-Mihiel.
836
L’évêque de Toul Frotar donne à l’abbaye Saint-Evre de Toul des terres en fermage et deux maisons à Moyenvic où l’on fabrique du sel.
945-948
Mention des salines de Moyenvic comme étant anciennes.
987
Herbert cède à l’abbaye de Gorze deux tiers d’une poêle et d’une place à sel qu’il a Vic-sur-Seille.
1025
Mention des salines de Dieuze, aux mains du chapitre de la Madeleine de Verdun.
1034
L’abbaye Saint-Rémy de Lunéville reçoit des comtes Godefroid et Hermann (fils de Folmar II comte de Metz et de Lunéville) deux places à sel et une poêle à Vic-sur-Seille.
1052
Godefroid le Barbu, comte de Verdun remet ses droits qu’il a sur la saline de Dieuze et son puits salé au chapitre de la Madeleine de Verdun.
1062
Mention d’un marché à Dieuze sans doute lié au commerce du sel.
1065
L’évêque de Toul Udo donne un poêle à sel aux chanoines de Saint-Gengoult de Toul qui l’utilisent dans leur prieuré Saint-Piant de Moyenvic.
1102
Les chanoines de Saint-Gengoult de Toul exploitent encore les mares salées de Moyenvic.
1105
Le pape Pascal II confirme la possession de poêles à sel à Vic-sur-Seille et à Marsal pour l’abbaye de Saint-Mihiel.
1120
Moyenvic est désigné comme fortifiée (munitionem). L’évêque de Metz Etienne de Bar s’empare des salines et les détruit car elles portent ombrage à l’activité des salines de Marsal et de Vic-sur-Seille.
1127
Adalbéron de Louvain, évêque de Liège donne deux places à sel sises à Hegnecourt près de Marsal à la collégiale messine Saint-Thiébaut.
1138
L’évêque de Metz, Etienne de Bar accorde à l’abbaye Saint-Benoit-en-Woëvre le droit d’une poêle à sel à Marsal.
1142
Le duc de Lorraine Mathieu 1er donne des places à sel sises à Vic-sur-Seille à l’abbaye du Tart.
1147
L’abbaye Saint-Paul de Verdun possède deux places à sel à Marsal.
1153-1163
L’abbaye de Morimond dispose de plusieurs places à sel à Moyenvic.
1155-1156
L’abbaye Saint-Mathias de Trèves exploite sept places à sel à Vic-sur-Seille moyennant un droit de franchise.
1159
L’abbaye de Beaupré possède trois places à sel à Vic-sur-Seille et deux autres sises à Marsal et Moyenvic.
1161
Le chanoine Thierry remet à sa collégiale messine Saint-Thiébaut une place à sel située à Vic-sur-Seille.
1164-1185
L’abbaye alsacienne de Graufthal vend ses salines à l’abbaye de Beaupré.
1164-1168
Litige entre les abbayes de Morimond et Saint-Arnould de Metz au sujet d’une place à sel à Moyenvic. Morimond est finalement désignée comme la seule propriétaire.
1172
Litige entre les abbayes de La Crête et Sainte-Marie de Metz au sujet d’une place à sel à Moyenvic.
1173
Robert de Vic-sur-Seille et son fils Guillaume donnent à l’abbaye de Morimond une place à sel à Moyenvic.
1176
L’abbaye de Saint-Avold donne à l’abbaye de Villers-Bettnach ses poêles à sel situé à Marsal moyennant un cens de 30 deniers.
1179
L’abbaye Sainte-Croix de Bouzonville détient trois places à sel et deux poêles à Marsal.
Pierre Albus de Moyenvic donne à l’abbaye de Morimond des places à sel, le puits et la fourche.
1179-1180
L’abbaye de Mureau exploite deux places à sel à Moyenvic moyennant le versement d’un cens à l’abbaye de Wissembourg.
1180
Bertrand, voué de Marsal confirme la possession d’emplacements à sel à Marsal à l’abbaye de Morimond.
L’abbaye de Salival possède plusieurs places à sel à Vic-sur-Seille et Marsal.
1191
L’évêque Bertram de Metz donne à l’abbaye de Haute-Seille deux poêles pour récupérer le sel dans la saline de Marsal.
1194
L’abbaye de Moyenmoutier remet à l’abbaye bourguignonne de Clairvaux cinq places à sel située à Marsal.
1195
L’abbaye bourguignonne de Cherlieu possède deux places à sel à Marsal (confirmation par l’évêque de Metz Bertram).
1196
Pour protéger les salines de Vic-sur-Seille, l’évêque Bertram de Metz décide l’édification d’une enceinte urbaine, garante de la sécurité des biens et des personnes.
1200
Le chapitre de Remiremont vend quatre places à sel à l’abbaye de Bithaine.
6 octobre 1208
L’évêque Bertram de Metz fixe les redevances qui lui sont dues par les abbayes cisterciennes possessionnées dans le Saulnois (Clairvaux, Trois-Fontaine, Montier-en-Argonne, La Chalade, Clairlieu, Haute-Seille, Morimond etc). Par an, chaque poêle à sel est taxé à Marsal de 5 muids et une mine de 26 deniers monnaie de Metz ; à Vic-sur-Seille de 3 coulées de sel avec 16 deniers.
1213-1217
Litige entre l’abbaye de Morimond et Drogon, chevalier de Moyenvic au sujet d’un place et demi à sel.
1215
Les salines de Moyenvic sont réparées par Frédéric de Xures, prieur bénédictin.
1216
Le duc de Lorraine Thiébaut II obtient le droit d’exploiter le sel à Dieuze.
1220
Les salines de Moyenvic sont affermées à l’évêché de Toul par les chanoines de Saint-Gengoult.
Différend entre l’abbaye de La Crête et le chapitre de Saint-Gengoult de Toul au sujet des revenus de places à sel de Moyenvic.
1234
Fermeture de la saline de Bride.
1255
Mention de Xanrey comme l’annexe des salines de Moyenvic.
1261
Fermeture de la saline de Basse-Lindre.
1264
Extension des salines de Moyenvic par l’évêque de Metz Guillaume de Trainel. En conflit avec le duc de Lorraine, l’évêque sollicite le comte de Bar Thibaud II pour obtenir une somme de 20 000 livres. Les salines de Marsal et de Vic-sur-Seille sont confiées au comte de Bar.
1266
Les salines de Moyenvic sont dévastées à cause de la rébellion des bourgeois de la cité.
1267
L’abbaye Saint-Martin de Glandières possède 5 places à sel à Vic-sur-Seille et trois à Marsal.
1268
L’évêque de Metz conclut un traité avec les bourgeois de Moyenvic, qui peuvent reconstruire leurs habitations grâce à la somme de 700 florins, prélevés sur les salines de Sarrebourg.
1273
Le duc de Lorraine Ferry III s’empare des salines de Marsal et de Vic-sur-Seille.
1277
Les salines d’Amélécourt sont mentionnées comme étant en pleine activité. Ferry III de Lorraine possède le tiers des salines.
1278
Fermeture de la saline d’Amélécourt.
1296
L’évêque de Metz, Gérard de Relanges regroupe et centralise les salines du Saulnois.
1297
L’évêque de Metz fait édifié un château au milieu des marais au lieu-dit « Le Chatry ».
1299
Un bourgeois de Vic-sur-Seille, Jean Poiret, propose à l’évêque de Metz d’attaquer les bancs de sel par galeries. Craignant de tarir les sources salées, le pontife refuse catégoriquement.
1302
L’évêque de Metz Renault de Bar autorise les baillis et les échevins de Vic à cuire l’eau de leurs puits salés pour leur usage exclusif.
1326
Destruction des salines de Vic-sur-Seille par les troupes ducales.
1327
Les salines d’Amélécourt sont enfermées dans un château-fort par le duc de Lorraine.
1346
Le duc Raoul de Lorraine perçoit une rente annuelle de 200 livres sur les salines de Moyenvic.
1360
Thierry Bayer de Boppart, évêque de Metz fait entouré de remparts la cité et les salines de Moyenvic. Jean Ravenel est le gouverneur des salines.
1379-1382
Conflit entre le duc de Lorraine et l’évêque de Metz au sujet du puits d’eau salée de Salonnes.
1380
L’évêque de Metz loue les salines de Moyenvic pour une redevance de 5 muids de sel.
1384
De nouveaux remparts enserrent les salines et la cité de Moyenvic.
1402
L’évêque de Metz et le duc de Lorraine s’entendent pour la mise en valeur des salines de Marsal et de Moyenvic. Les salines de Vic sont supprimées obligeant les sujets à se pourvoir en sel auprès du grenier ducal.
1413
Renouvellement du traité entre le duc de Lorraine et l’évêque de Metz au sujet des salines de Marsal et de Moyenvic.
1423
Renouvellement du traité entre le duc de Lorraine et l’évêque de Metz au sujet des salines de Marsal et de Moyenvic.
1426
Les salines de Moyenvic et de Marsal sont inféodées au duc Charles II de Lorraine pour 3 700 florins et 200 muids de sel par an.
1449
Renouvellement du traité entre le duc de Lorraine et l’évêque de Metz au sujet des salines de Marsal et de Moyenvic.
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Bibliographie sélective
HIEGEL Charles, L’industrie du sel en Lorraine, extrait de « position des thèses », Ecole des Chartes, Paris 1961.
HIEGEL Charles, Le sel en Lorraine du VIIIe au XIIIe siècle, les annales de l'Est, 1981.
HIEGEL Charles, Les nouvelles salines du Saulnois aux XIIIe et XIVe siècles, Annuaire de la SHAL, 1980.
KREMER Guy, Les archives du sel à Dieuze, DESS en archivistique.
OFFROY. G et R, Château-Salins autrefois, Editions Pierron, Sarreguemines, 1984.
PENIN. C, Moyenvic, passé et présent d’un village lorrain du Saulnois, Editions Pierron, Sarreguemines, 1988.
Le sel et son histoire, Université de Nancy II, 1981.
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Liens internet à consulter éventuellement
Musée du Sel à Marsal 1
Musée du Sel à Marsal 2
Sur les fouilles archéologiques de l’atelier de sauniers celtiques à Marsal
Le briquetage de la Seille 1
Le briquetage de la Seille 2
Le briquetage de la Seille 3
Le briquetage de la Seille 4
Le briquetage de la Seille 5
Le briquetage de la Seille 6
La saline de Moyenvic
Les salines royales de Dieuze
Les salines aux archives départementales de Meurthe-et-Moselle
L'exploitation du sel à Varangéville 1
L'exploitation du sel à Varangéville 2
Les salines dans le Saulnois dans l'Antiquité
Les salines dans le Saulnois du Moyen-Age au XIXe siècle
Copyright - Olivier PETIT - 2010 © Tous droits réservés
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Copyright - Olivier PETIT - 2010 © Tous droits réservés
Beau travail. Très intéressant.
RépondreSupprimerça beun cheu no, nem..!
Bravo et merci.
HG. Descendant de "Saumier" des environs de Château Salin...
Merci d'avoir pris le temps de lire cet article qui vous a apparemment bien plu !
RépondreSupprimerBonjour, votre article est très intéressant, je regrette toutefois que ne citiez pas de sources! Je fais un mémoire sur le sel en Lorraine et je me heurte, dans la plupart des articles, à des mentions d'acte, de vente ou de don de place pour le sel sans qu'il n'y ait aucun renvoi de sources. J'ai déjà consulté les articles de Charles Hiegel, mais vous avez des informations, dont il ne semble pas disposer, je me demandais donc d'où vous les tenez? Je vous remercie par avance.
RépondreSupprimerPour écrire cet article, je me suis essentiellement servi des ouvrages à ma disposition dont vous avez la liste en fin d'article ! Toutes les références et chronologies en sont tirées, rien n'est inventé !!
RépondreSupprimerToujours autant de joie et de plaisir à voir vos clichés mais aussi à vous lire. N'ayant pas votre culture, j'apprends sans cesse et vous en remercie vivement.
RépondreSupprimerMerci pour cet article très intéressant. Je me souviens avoir emmené mes élèves à Marsal dans le cadre d'un travail interdisciplinaire sur le sel (j'enseigne le français, et ce travail a mobilisé avec moi les profs d'histoire-géo et instruction religieuse. A Marsal, nous avons visité l'église, la mare salée, le musée du sel, admiré le village et la porte de France.
RépondreSupprimerBravo pour votre article. Précisons qu'il existait sur la Seille des moulins à sel, dernière étape de la transformation vers la commercialisation d'une denrée au combien précieuse et lucrative pour ses propriétaires.
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