GRAND
L’antique Andesina, sanctuaire des eaux aux confins de la Lorraine (Ier-Ve siècle)
L’antique Andesina, sanctuaire des eaux aux confins de la Lorraine (Ier-Ve siècle)
(article, légèrement modifié et augmenté, paru dans la revue Histoire Antique, des Editions Harnois,
aujourd'hui disparues)
Vous trouverez un lexique à la fin de l'article
aujourd'hui disparues)
Vous trouverez un lexique à la fin de l'article
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Occupant une place importante durant l’Antiquité gallo-romaine, en raison de son sanctuaire
réputé, Grand accueillit notamment d’illustres empereurs, Caracalla et Constantin en 213 et en 309.
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Situé aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne, à l’écart des grandes voies naturelles
de communication, juché sur un plateau calcaire entouré de forêts, le village de Grand fut
identifié comme la station balnéaire romaine Andesina sur la table de Peutinger (copie du Xe siècle
représentant l’itinéraire routier de l’Empire romain, conservée à la Bibliothèque nationale d’Autriche)
où elle est représentée située entre Tullio (Toul) et Nasie (Naix-aux-Forges). Andesina était malgré
tout desservi par un vaste réseau de voies antiques secondaires disposées en étoile. Des nombreux
vestiges mis au jour et restaurés depuis le XIXe siècle, l’amphithéâtre est le monument le plus
remarquable avec la mosaïque qui complète ce patrimoine exceptionnel.
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Carte de Peutinger figurant Andesina (Grand)
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Aperçu historique.
La permanence de l’occupation du territoire de Grand, en liaison avec les nombreux points d’eau, avant la période romaine se manifeste par des découvertes remontant au néolithique final (- 2500/ - 1800) et à l’âge des métaux (- 1800/ - 50) qui a livré entre autre plusieurs monnaies gauloises (de la Tène III) frappées à l’atelier monétaire de Solimariaca (aujourd’hui Soulosse-sous-Saint-Elophe, à quelques kilomètres de Grand).
L’entrée des peuples gaulois de Lorraine (Leuques et Mediomatriques) dans le monde romain s’opéra avec la conquête de Jules César (dictateur de 50 à 44 av. J.C) poursuivit par Octave, son petit neveu. En livrant du blé et en ne prenant pas les armes contre l’autorité romaine, les Leuques appartenaient à la catégorie des peuples libres mais soumis. En 58 avant J.C, lors d’une halte à Vesontio (Besançon) pour se ravitailler juste avant d’affronter les Suèves d’Arioviste, Jules César prononça un discours en disant long sur cette région : « Ceux qui déguisaient leur lâcheté en arguant de leur inquiétude du ravitaillement et des difficultés de la route étaient des insolents, car ils paraissaient ou ne plus compter sur le sentiment du devoir de leur chef ou le lui dicter. Or de cela il s’en occupait : du blé, les Séquanes, les Leuques et les Lingons en fournissaient et les moissons étaient déjà mûres dans les champs ; quant à la route, eux-mêmes en jugeraient d’ici peu » (Guerre des Gaules, I, 40, 11). Le réseau routier dressé par l’ami et gendre d’Auguste, Agrippa intégra ces peuples. Ainsi la route du Rhin qui ralliait Ludgunum (Lyon) à Trèves, passait par le pays des Leuques et des Médiomatriques. Appartenant à un gouvernement provincial unique depuis César, la région Lorraine fut intégrée à la Gaule Belgique, l’une des trois provinces mise en place par Auguste (27 av – 14 ap J.C) à la fin du 1er siècle avant J.C.
La permanence de l’occupation du territoire de Grand, en liaison avec les nombreux points d’eau, avant la période romaine se manifeste par des découvertes remontant au néolithique final (- 2500/ - 1800) et à l’âge des métaux (- 1800/ - 50) qui a livré entre autre plusieurs monnaies gauloises (de la Tène III) frappées à l’atelier monétaire de Solimariaca (aujourd’hui Soulosse-sous-Saint-Elophe, à quelques kilomètres de Grand).
L’entrée des peuples gaulois de Lorraine (Leuques et Mediomatriques) dans le monde romain s’opéra avec la conquête de Jules César (dictateur de 50 à 44 av. J.C) poursuivit par Octave, son petit neveu. En livrant du blé et en ne prenant pas les armes contre l’autorité romaine, les Leuques appartenaient à la catégorie des peuples libres mais soumis. En 58 avant J.C, lors d’une halte à Vesontio (Besançon) pour se ravitailler juste avant d’affronter les Suèves d’Arioviste, Jules César prononça un discours en disant long sur cette région : « Ceux qui déguisaient leur lâcheté en arguant de leur inquiétude du ravitaillement et des difficultés de la route étaient des insolents, car ils paraissaient ou ne plus compter sur le sentiment du devoir de leur chef ou le lui dicter. Or de cela il s’en occupait : du blé, les Séquanes, les Leuques et les Lingons en fournissaient et les moissons étaient déjà mûres dans les champs ; quant à la route, eux-mêmes en jugeraient d’ici peu » (Guerre des Gaules, I, 40, 11). Le réseau routier dressé par l’ami et gendre d’Auguste, Agrippa intégra ces peuples. Ainsi la route du Rhin qui ralliait Ludgunum (Lyon) à Trèves, passait par le pays des Leuques et des Médiomatriques. Appartenant à un gouvernement provincial unique depuis César, la région Lorraine fut intégrée à la Gaule Belgique, l’une des trois provinces mise en place par Auguste (27 av – 14 ap J.C) à la fin du 1er siècle avant J.C.
Jouissant d’un prestige exceptionnel, Andesina accueillit aussi bien des prêtres, des notables orientaux que des empereurs. Les écrits antiques nous livrent de précieux renseignements concernant la notoriété de la cité. En effet, un notable grec de la région d’Ephèse passa à Andesina entre 209 et 218 et de retour dans sa patrie précisa qu’en Gaule existait un sanctuaire dédié au dieu Apollon Grannus.
En 213, l’écrivain Don Cassius dans son Histoire Romaine, annonce que l’empereur Caracalla ayant besoin de se ressourcer fit le voyage jusqu’au sanctuaire espérant y trouver la paix : « mais pour Antonin (Caracalla) personne, pas même les dieux, ne lui donna de réponse sur la manière de guérir son corps et son âme, bien qu’il rendit hommage à tous les plus éminents d’entre eux. Ceci montrait très clairement qu’ils ne regardaient ni ses offrandes ni ses sacrifices, mais seulement ses objectifs et ses actes. Il ne reçu aucune réponse d’Apollon Grannus, pas plus d’Asclépios ou de Sérapis, en dépit de ses suppliques et de son infatigable persévérance» (Histoire Romaine, LXXVIII, 15, 6).
Vers la fin de 309, Constantin, récent vainqueur de Maximien à Massilia (Marseille), souhaitant regagner rapidement Trêves à l’annonce d’incursions germaniques, s’arrêta finalement à Andesina pour remercier les dieux du retrait des Germains. Au cours d’un rituel d’incubation, Constantin, alors héritier présomptif du titre d’empereur eu la vision d’Apollon Grannus, accompagné d’une Victoire qui lui offrait des couronnes de laurier, présage de trente années de règne. Le Panégyrique de Constantin (21, 3-4) rapporte cet évènement : « Le lendemain du jour où, informé de cette agitation, tu avais fait doubler les étapes, tu appris que tous ces remous étaient calmés et que la tranquillité était revenue, telle que tu l’avais laissée à ton départ. La fortune elle-même réglait toute chose de telle façon que l’heureuse issue de tes affaires t’avertît de porter aux dieux immortels les offrandes que tu leur avais promises et que la nouvelle t’en parvînt à t’écarter de la route pour te rendre au plus beau temple du monde (Grand), et même auprès du dieu qui y habite, comme tu l’as vu. Car tu as vu, je crois, Constantin, ton protecteur Apollon, accompagné de la Victoire, t’offrir des couronnes de laurier dont chacune t’apporte le présage de trente années ». En 312, juste avant la bataille du pont Milvius, Constantin fit alors peindre sur les boucliers de ses légionnaires trois X rappelant ainsi ces trente années de règne qui lui avaient été promises à Grand ; les évêques interprétèrent ce signe comme chrétien.
Aquarelle de Jean-Claude Golvin
Enfin, lors des persécutions chrétiennes ordonnées par Julien l’Apostat (361- 363), Sainte Libaire fut martyrisée et décapitée à Andesina tout comme son frère Saint-Elophe à Solimariaca. Cette sainte ayant héritée des vertus des divinités idolâtres, assura le passage du culte païen des eaux au culte chrétien de la source miraculeuse. Afin d’effacer le souvenir du sanctuaire païen, les chrétiens construisirent une église sur le lieu même de la résurgence des sources.
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La ville et le rempart.
Délimitée par le pomerium, la ville se développa et offrit rapidement un ensemble constitué par le sanctuaire dont nous reparleront plus bas, les édifices publics et le rempart du Haut-Empire de près de 1800 mètres, flanqué de 22 tours rondes disposées tous les 20 mètres dont certaines fondations affleurent. Ce rempart servait à préserver le sanctuaire d’Apollon Grannus avec la basilique, les temples et les thermes de l’extérieur. Son rôle défensif n’est pas attesté.
Les travaux d’adduction d’eau du village en 1963, ont aidés à la découverte des vestiges du temple du « Jardin Huguet », temple qui correspondrait à celui d’Apollon Grannus.
Délimitée par le pomerium, la ville se développa et offrit rapidement un ensemble constitué par le sanctuaire dont nous reparleront plus bas, les édifices publics et le rempart du Haut-Empire de près de 1800 mètres, flanqué de 22 tours rondes disposées tous les 20 mètres dont certaines fondations affleurent. Ce rempart servait à préserver le sanctuaire d’Apollon Grannus avec la basilique, les temples et les thermes de l’extérieur. Son rôle défensif n’est pas attesté.
Les travaux d’adduction d’eau du village en 1963, ont aidés à la découverte des vestiges du temple du « Jardin Huguet », temple qui correspondrait à celui d’Apollon Grannus.
En 1969, une salle chauffée par hypocauste et une autre présentant un pavement de marbres en damiers et des murs ornés de plaquettes colorées imitant une marqueterie attestent de la présence de thermes.
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L’amphithéâtre.
Signalé dès 1756 par Dom Calmet et d’autres par la suite, l’amphithéâtre ne fut réellement fouillé qu’à partir de 1820 (jusqu’en janvier 1823) par J-B Jollois, polytechnicien et ingénieur ordinaire lors de la Campagne Égypte (1798-1802). Le dégagement des structures, (tranchées de repérages, coupes stratigraphiques et sondages) nécessita l’enlèvement de 4 240 m3 de terre. Jollois dressa ensuite le plan de l’amphithéâtre et fit de belles découvertes.
Avant son départ, il demanda le remblaiement des structures mises au jour afin de les préserver des intempéries. En 1843, il publia la synthèse de ses recherches archéologiques : Mémoire sur quelques antiquités remarquables du département des Vosges, illustrée de lithographies de Charles Pensée. En 1960, Édouard Salin et Roger Billoret reprirent les recherches archéologiques à Grand en portant leur attention sur l’amphithéâtre et la basilique.
Signalé dès 1756 par Dom Calmet et d’autres par la suite, l’amphithéâtre ne fut réellement fouillé qu’à partir de 1820 (jusqu’en janvier 1823) par J-B Jollois, polytechnicien et ingénieur ordinaire lors de la Campagne Égypte (1798-1802). Le dégagement des structures, (tranchées de repérages, coupes stratigraphiques et sondages) nécessita l’enlèvement de 4 240 m3 de terre. Jollois dressa ensuite le plan de l’amphithéâtre et fit de belles découvertes.
Photos tirés du CD-Rom "L'empreinte de Rome sur la Gaule,
Grand, la gallo-romaine" (CRDP Lorraine)
Avant son départ, il demanda le remblaiement des structures mises au jour afin de les préserver des intempéries. En 1843, il publia la synthèse de ses recherches archéologiques : Mémoire sur quelques antiquités remarquables du département des Vosges, illustrée de lithographies de Charles Pensée. En 1960, Édouard Salin et Roger Billoret reprirent les recherches archéologiques à Grand en portant leur attention sur l’amphithéâtre et la basilique.
Panoramique de l'amphithéâtre
La cavea de l'amphithéâtre
Se révélant être l’un des plus vastes monuments de spectacle gallo-romain, l’amphithéâtre - daté des années 70 après J.C – est inclut dans le pomerium mais en dehors du sanctuaire. Il se trouve dans un vallon, la combe « La Roche ». Sa longueur de 148 mètres le place parmi les dix plus grands amphithéâtres connus. Il se caractérise par l’originalité de son plan et son implantation. En effet, nous savons que les architectes romains profitaient de pentes naturelles afin de réduire le volume des maçonneries c’est pourquoi, à Grand, l’amphithéâtre fut placé dans ce vallon dont le fond a été élargi afin d’accueillir la cavea. L’utilisation de dénivelés naturels se retrouve également à Autun et dans les autres édifices de spectacles comme le théâtre de Lyon et d’Orange.
Deux grands couloirs axiaux (sous lesquels se trouve la cloaca maxima) bordés de 5 caceres permettent d’accéder à l’arène elliptique (50,8 m/34 m.) qui était alors entourée d’un podium de 3 mètres de hauteur couronné de chaperons moulurés. La cavea, constituée de gradins pouvant accueillir entre 16 000 et 20 000 spectateurs, a la particularité de présenter une cavea incomplète formant une demie-ellipse comportant trois maeniana dont les gradins ont disparu, sur le versant face au nord tandis qu’elle est réduite à une rangée de gradins sur le versant face au sud.
Vomitoria
Après une restauration sous Constantin 1er, il semble avoir été abandonné définitivement dans le dernier quart du IVe siècle. Depuis sa destruction par Sainte Libaire, selon la légende, les blocs de calcaire ont servi à la construction des habitations du village actuel.
Caceres
Images de synthèses en 3D tirées du CD-Rom "L'empreinte de Rome sur la Gaule,
Grand, la gallo-romaine" (CRDP Lorraine)
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La basilique et sa mosaïque
Ce monument civil romain se composait de deux salles : l’une rectangulaire (35,50 m par 22 m) s’ouvrant vers l’est donnant accès en son milieu ouest à une seconde pièce (14,12 m par 13,87 m), celle qui contient la mosaïque. Une galerie couverte, aux portiques et aux murs ornés de marbres et de stucs donnait accès celle-ci. Le plan de cette basilique se rapproche même de celle construite par Vitruve à Fano en Ombrie ; la classant de fait dans la catégorie des édifices de type oriental. Cette basilique servait vraisemblablement de tribunal ou de curie.
Fleuron de l’Andesina antique, la mosaïque d’une surface exceptionnelle de 224 m2 (une des plus grande d’Europe) mise à jour en 1883 par Félix Voulot dévoile un contraste décoratif provenant de l’utilisation de tesselles en calcaires et de calcédoine d’origines locales. L’abside de la basilique propose un décor composé de motifs en pelta souligné par deux panneaux, l’un barlong garni d’un rinceau d’acanthes et l’autre de figures géométriques (losanges, triangles, carrés etc). L’emblema de la mosaïque (4,80 m par 2,80 m) détruit au ¾ comporte une scène de comédie latine, soit celle du berger ou du pèlerin demandant audience auprès d’un prêtre d’Apollon à l’entrée du portique du temple. Aux quatre angles de cet emblema, une panthère, un tigre, un ours et un sanglier ont été représentés dans une posture en mouvement. La représentation de tels animaux se réfère vraisemblablement aux jeux se tenant dans l’amphithéâtre.
D'autres photos de la mosaïque sont visibles en cliquant ici !
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Le réseau souterrain
La structure géologique de la région et le système de diaclases et de karsts, induit par la dissolution des calcaires du plateau, a généré une remarquable concordance de voies souterraines naturelles convergeant au centre du site d’Andesina et donnant naissance au jaillissement de la source au centre du sanctuaire. Les architectes romains modifièrent profondément ces voies naturelles souterraines en les canalisant, en les renforçant parfois de maçonneries et de soutènements ou en construisant des aqueducs. Parmi les puits d’accès encore visibles alignés le long du parcours souterrain des eaux, certains se situent au confluent de plusieurs aqueducs souterrains et de nombreux puits comblés destinés à l’évacuation des matériaux au cours du creusement. Daté des années 50-70 après J.C (découverte de céramiques), des réfections eurent lieues à l’époque constantinienne, vers le milieu du IVe siècle.
La structure géologique de la région et le système de diaclases et de karsts, induit par la dissolution des calcaires du plateau, a généré une remarquable concordance de voies souterraines naturelles convergeant au centre du site d’Andesina et donnant naissance au jaillissement de la source au centre du sanctuaire. Les architectes romains modifièrent profondément ces voies naturelles souterraines en les canalisant, en les renforçant parfois de maçonneries et de soutènements ou en construisant des aqueducs. Parmi les puits d’accès encore visibles alignés le long du parcours souterrain des eaux, certains se situent au confluent de plusieurs aqueducs souterrains et de nombreux puits comblés destinés à l’évacuation des matériaux au cours du creusement. Daté des années 50-70 après J.C (découverte de céramiques), des réfections eurent lieues à l’époque constantinienne, vers le milieu du IVe siècle.
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Le sanctuaire de l’eau.
Le sanctuaire dédié au dieu guérisseur Apollon Grannus attirait un nombre important de pèlerins en quête d’une guérison. Au milieu d’une large colonnade se trouvait la fameuse résurgence (située à l’endroit exacte de la basilique médiévale Sainte Libaire) due à ce formidable réseau d’eau souterraine. Elle dépendait aussi bien de l’apport des pluies que de l’aménagement des vastes réserves au moyen de vannes qu’on actionnait au besoin. A proximité de cette réserve d’eau sacrée, se tenaient le grand temple d’Apollon Grannus (l’Apollon de Delphes aurait fuit la christianisation et se serait réfugié à Andesina).
L’usage rituel de l’eau passait davantage par l’ablution et l’ingestion que par l’immersion ; cette pratique de purification avait pour finalité de solliciter Apollon Grannus, le dieu guérisseur. L’épigraphie retrouvée, notamment un ex-voto d’un certain Tribunus, assure également l’usage de l’incubation à Grand.
Le sanctuaire dédié au dieu guérisseur Apollon Grannus attirait un nombre important de pèlerins en quête d’une guérison. Au milieu d’une large colonnade se trouvait la fameuse résurgence (située à l’endroit exacte de la basilique médiévale Sainte Libaire) due à ce formidable réseau d’eau souterraine. Elle dépendait aussi bien de l’apport des pluies que de l’aménagement des vastes réserves au moyen de vannes qu’on actionnait au besoin. A proximité de cette réserve d’eau sacrée, se tenaient le grand temple d’Apollon Grannus (l’Apollon de Delphes aurait fuit la christianisation et se serait réfugié à Andesina).
L’usage rituel de l’eau passait davantage par l’ablution et l’ingestion que par l’immersion ; cette pratique de purification avait pour finalité de solliciter Apollon Grannus, le dieu guérisseur. L’épigraphie retrouvée, notamment un ex-voto d’un certain Tribunus, assure également l’usage de l’incubation à Grand.
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Les divinités et leur statuaire.
A Andesina, les Romains ne vénéraient pas seulement Apollon Grannus mais portaient leurs attentions à d’autres divinités plus ou moins importantes. Cet état de fait se retrouve dans la statuaire redécouverte. Le fils d’Apollon Esculape, dieu de la médecine et de la guérison et sa petite-fille Hygie, personnification de la médecine sont bien présents avec deux têtes sculptées d’une dizaine de centimètres.
Le dieu Bacchus demeure omniprésent à travers ses compagnons habituels comme le Silène Marsyas, dieu éponyme des silènes qui fut le père nourricier de Bacchus et dont le musée de Grand possède une tête sous forme de Silène barbu.
Mercure, Jupiter, Meditrina ou d’autres divinités marines et féminines étaient sollicitées par les pèlerins. La stèle à fronton triangulaire de Meditrina, déesse des médecins ou des pharmaciens, voire des savonniers ou des verriers figure parmi les plus belles réalisations romaines.
A Andesina, les Romains ne vénéraient pas seulement Apollon Grannus mais portaient leurs attentions à d’autres divinités plus ou moins importantes. Cet état de fait se retrouve dans la statuaire redécouverte. Le fils d’Apollon Esculape, dieu de la médecine et de la guérison et sa petite-fille Hygie, personnification de la médecine sont bien présents avec deux têtes sculptées d’une dizaine de centimètres.
Le Musée Lorrain de Nancy conserve dans ses collections gallo-romaines, un groupe sculpté découvert à Grand à proximité de l'ancienne voie romaine menant à Liffol-le-Grand. L'ensemble aurait appartenu à une haute colonne et n'en serait que le sommet dont le morceau final de la colonne pourvu d'écailles, d'un chapiteau à feuillage et à têtes humaines et enfin d'un Jupiter lauré à cheval avec un génie ailé (l'anguipède ?) entre les pattes de l'équidé. On trouve d'ailleurs le même type de monument mais cette fois entier à Arlon, en Belgique).
Malgré la ressemblance frappante avec d'autres sculptures dites du "Cavalier à l'anguipède" (notamment au Musée de la Cour d'Or de Metz et au Musée départemental d’Épinal ) celle de Grand me paraît différente sur un point, l'anguipède qui ne possède pas de queue enroulée et fait davantage penser à un génie ailé ! Par contre, à quoi sert la "boule" sous le ventre du cheval...ne serait-ce-pas l'anguipède enroulé ?
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Ce site remarquable, géré par le Conseil Général des Vosges, figure parmi les fleurons patrimoniaux de la région Lorraine qui accueille, jusqu'au 14 novembre 2010, l'exposition "Sur les traces d'Apollon".
E. GALLETIER, Panégyriques latins, II, Paris, Les Belles Lettres,1952.
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Et si sous visionniez le petit montage vidéo réalisé en 2005
pour la Fête antique de Grand
cliquez
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Sources
Don CASSIUS, Histoire Romaine.
César, Guerre des Gaules.
Bibliographie sélective
Grand, l’amphithéâtre gallo-romain, publication du Conseil Général des Vosges, septembre 1993, 132 p.
Grand, Prestigieux sanctuaire de la Gaule, Les Dossiers d’Archéologie, juillet-août 1991.
C. BERTAUX, Grand, étude archéologique et topographie antique, Mémoire de maîtrise. Université de Nancy II, 1974, 213 p.
J-P BERTAUX, C BERTAUX, J GUILLAUME, Grand, Vosges, Images du Patrimoine, numéro 78, Editions Serpenoise. 2000, 72 p.
R. BILLORET, La basilique de la ville de Grand in Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres, 1966, pp 63-74.
R. BILLORET, La mosaïque, in Le Pays Lorrain, 1963, pp. 49 à 80.
Y. BURNAND, Histoire de la Lorraine. Epoque gallo-romaine, 1990.
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Lexique :
Arène :
De forme plus ou moins elliptique, l’arène accueillait notamment les gladiateurs. Le sol était constitué de sable.
Cavea :
Partie de l’amphithéâtre garnie de gradins et prévue pour l’accueil des spectateurs. Elle se compose de trois parties: l’ima cavea avec les gradins inférieurs réservés aux notables, la media cavea au milieu pour le peuple et enfin la summa cavea avec les gradins supérieurs et quelquefois une colonnade.
Carceres :
Pièces aménagées sous l’arène ou sous les gradins contenant les loges pour les gladiateurs ou les cages pour les animaux, les magasins pour les accessoires et aussi une chambre mortuaire (spolarium).
Cloaca maxima :
Egout collecteur des eaux usées.
Diaclase :
Fissure à travers une couche sédimentaire.
Emblema :
Tableau mosaïqué inséré au milieu de la composition et contenant le décor le plus soigné.
Incubation :
D’origine orientale et grecque, elle consistait pour le dévot après des rites purificatoires et offrandes à s’endormir dans le lieu sacré dans l’espoir de rencontrer durant son sommeil la divinité qui lui indiquera la thérapeutique à appliquer.
Karstique :
Rapport avec le karst ou plateau calcaire où prédomine l’érosion chimique.
Maeniana :
Division horizontale d’un ensemble de gradins de la cavea.
Pelta :
Bouclier échancré en forme de croissant parfois représenté sur des mosaïques.
Pomerium :
Zone sacrée autour d’une cité où il est interdit d’habiter, de cultiver et de porter les armes. Un sillon symbolique marque son emprise.
Vomitoria :
Ouverture servant à évacuer la foule dans un amphithéâtre.
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Sites internet
Sur Wikipedia :
Site "L'Europe vue du ciel"
Grand vu du ciel
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Copyright - Olivier PETIT - Patrimoine de Lorraine - 2010 © Tous droits réservés
Très très intéressant et très bien fait
RépondreSupprimerMerci d'avoir pris le temps de lire cet article !
RépondreSupprimerPublication riche en informations et illustrations. Elle invite à se rendre sur le site et à porter un regard éclairé sur les vestiges. Bravo!
RépondreSupprimerMerci d'avoir pris le temps de passer sur mon blog ! Il est vrai que le site de Grand est superbe !
SupprimerMerci pour les information!
RépondreSupprimerJe sors de la visite du site ... et cette bonne synthèse permet de clarifier l'ensemble. Merci. Vivement la suite. J'ai vu qu'il y a encore beaucoup de choses à découvrir à Grand !!
RépondreSupprimerMerci de votre visite sur Patrimoine de Lorraine !
Supprimersur la photo-satellite, la végétation située à l'est de l'amphithéatre semble épouser les courbes de deux ellipses concentriques. y avait-il un hippodrome à grand?
RépondreSupprimertrès beau site.félicitations!
Effectivement, j'avais déjà remarqué la forme de la végétation ! Un hippodrome, je ne sais pas ! A creuser auprès des spécialistes de Grand ! Je vais essayer de me renseigner !
SupprimerEn tout cas merci de votre passage sur Patrimoine de Lorraine !
Merci pour la richesse de la documentation....
RépondreSupprimerGrand centre de guérison du corps et de l'âme....
L'onde de vie est de 28 et + 35 au Géodynamètre (22 sur le plateau du Saint-Odile)
Grand regroupe une synthèse de toutes les thérapeutiques des différents sites cosmo-telluriques.
Le thérapeutique était basée sur une cure de sommeil... sorte d'hypnose occasionnée par les vibrations cosmo-telluriques ....
Portiques, dortoirs sacrés.... Le patient tombe en léthargie et son subconscient se purifie...
extrait du livre lieux sacrès d'Alsace et des Vosges de G Altenbach sourcier géobiologue
De belles ressources partagées pour un site qui conserve tout son mystère !
RépondreSupprimerA mon niveau, un comeback de près de 40 ans, à une époque où j'ai pu évoluer en qualité de fouilleur grandésien : la magie est toujours là !
Merci pour ce partage et au plaisir d'un échange prochain,
Pascal
je voudrait des réponse sur les aqueduc et les thermes de grand
RépondreSupprimerOui merci de précisez votre demande
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