Le village de Thélod offre un beau panorama depuis le replat de la colline qu'il occupe,
dénommée le Mont de Thélod. De son passé, une belle église romano-gothique,
dédiée à Saint-Pierre-et-Saint-Epvre, a été préservée des vicissitudes du temps.
L'église et son clocher depuis la rue
Aperçu historique
Avant le début du XIIIe siècle, nous ne savons quasiment rien au sujet de l'église de Thélod !
Il
semblerait qu'en 1230, le fils du comte Henri II de Vaudémont, devint
seigneur de Thélod et,
de ce fait, favorisa probablement l'église du
village. Un de ses descendants, Jean de Thélod
(né vers 1350) établit
son testament en 1375 en dotant l'église et en émettant le désir d'être
enterré dans la chapelle Notre-Dame, où sa mère était déjà inhumée.
L'église depuis le cimetière
Vers
1390, le seigneur de Thélod décède, laissant une seule héritière,
Sybille,
mariée à N. de Monthureux-sur-Saône.
De cette union naquit un
garçon prénommé Jean, qui prit par la suite le nom de Thélod.
En 1427,
ce dernier trépasse lui aussi sans descendant mâle provoquant le retour
de la seigneurie au suzerain, le comte Antoine de Vaudémont.
En 1431, peu après la bataille de Bulgnéville (2 juillet 1431 ; récit de la bataille ICI),
les vaincus se rendirent à Thélod pour s'en prendre au château, fief
relevant du comte
de Vaudémont ; à cette occasion l'église a-t-elle
subie quelconques dégradations ?
Clocher - L'étage campanaire avec ses baies géminées
En
1438, Antoine de Lorraine décide de remettre, en remerciement des
services rendus,
la seigneurie de Thélod (et celle d'Aicraigne,
aujourd'hui Frolois) à son fidèle bailli
Guérard de Pfaffenhofen. En
1450, ce nouveau seigneur créa une chapelle au sein
de l'église avec une
rente pour quatre religieux chargés de célébrer une messe
tous les
jours ainsi que deux le samedi.
Clocher (en partie roman ?) avec une baie géminée en plein cintre
Le
fils de Guérard, Thomas de Pfaffenhoffen, entre en possession de la
seigneurie Thélod
au cours du mois de septembre 1485 (après l'usurpation
de la seigneurie par un certain
Jacques de Lucey, bailli de Rieux, qui
sera chassé). Il continue a financer les quatre
chapelains en charge
des messes qui doivent être dites dans la chapelle des Pfaffenhoffen.
C'est sous ces derniers que des reconstructions de l'église ont lieues
comme
en témoignent les voûtes sur croisées d'ogives et les baies
gothiques à remplages flamboyant.
Les siècles suivants, l'église de Thélod reçoit une nouvelle nef au XVIIIe siècle
et des vitraux au XIXe siècle.
Clocher - Baie géminée
Assurément
d'origine romane (XIIe siècle), l'église de Thélod présente aujourd'hui
des reconstructions postérieures comme la nef (au XVIIIe siècle), le
chœur et
les chapelles (fin XVe- début XVIe siècles).
Chevet plat - Baie gothique à remplages trilobés et trois quadrilobes
Chevet plat - Baie gothique à remplages trilobés et deux quadrilobes
Le clocher, dont le gros œuvre est roman, est repris au XIIIe siècle et XIVe siècle. Au niveau
des cloches, des ouïes en plein cintre légèrement brisées rappellent le début du gothique.
A sa base, on peut voir une porte murée comprenant un linteau monolithe avec une croix gravée (romane ? ou plus tardive) et une Vierge (à l'Enfant ?) gothique (XIVe ou XVe siècle ?)
insérée dans la maçonnerie. La place de cette dernière était, soit à l'intérieur même
de l'église, soit à l'extérieur bien visible par tous ! Le mur sud du clocher
possède aussi un oculus (roman ?) utile pour les fidèles qui souhaitent apercevoir
l'Esprit sain (matérialisé par une bougie par exemple) présent dans
l'église quand celle-ci est fermée.
Mur nord - Baie gothique à remplages trilobés
Mur sud - Baie gothique à remplages trilobés
Mur sud - Baie gothique à remplages trilobés et rosace quadrilobée
En faisant le tour de l'édifice par le cimetière, on découvre les différentes fenêtres gothiques
de la fin du XVe et du début du XVIe siècle à remplage souvent trilobés ou quadrilobés.
Le chevet plat offre deux baies gothiques à trois lancettes.
Linteau avec croix (romane ?) d'une porte située sur le mur sud du clocher
Croix (romane ?) gravée sur le linteau de la porte obstruée sur le coté sud du clocher
Oculus (roman ?) à la base du clocher
Portail latéral sud muré avec la Vierge insérée dans la maçonnerie
Vierge (à l'Enfant ?) gothique mutilée sur le mur sud de l'église
Porte d'entrée (XVIIIe siècle) à la base du clocher
Avant de rentrer dans l'église, on peut voir, au-dessus de la porte, les armoiries des Pfaffenhoffen :
à 3 têtes de Maures de sable, deux et un, brisé en cœur d’un croissant.
Au-dessus de la porte d'entrée de la nef :
Blason des Pfaffenhoffen
3 têtes de Maures de sable, deux et un, brisé en cœur d’un croissant.
Nef (XVIIIe siècle) et chœur (XIIe-XVe siècles)
En pénétrant dans l'édifice, on découvre alors une nef du XVIIIe siècle précédent un chœur
de la fin XVe siècle voûté sur croisées d'ogives gothiques. L'arc triomphal, séparant
la nef du chœur, présente des chapiteaux encore bien romans de part leur facture.
Les retombées des voûtes se font également sur des chapiteaux de la fin du XIIe siècle.
Autels de la nef encadrant l'arc triomphal donnant accès au chœur
Autel situé à gauche de l'entrée du chœur avec la statue
de Saint-Antoine-de-Padoue
Autel situé à droite de l'entrée du chœur avec la statue de la Vierge en prière
La nef avec sa tribune surplombant les bancs d'église
Chaire à prêcher (fin XIXe siècle)
La nef depuis le chœur
Chœur - Vitrail du XIXe siècle avec Saint-Nicolas à gauche
Chœur - Voûtement sur croisées d'ogives gothiques
Chœur - Clef de voûte gothique à blason
Chapiteaux romans à feuillage et pointillés sur lesquels retombe l'arc triomphal (à droite)
Chapiteaux romans à feuillage et pointillés sur lesquels retombe l'arc triomphal (à gauche)
Chapiteaux romans du chœur
Base des colonnes romanes de l'arc triomphal
A droite de la nef, la chapelle fondée par les Pfaffenhoffen, à partir de 1450, est complètement gothique avec une croisée d'ogives sans clef de voûte. Les deux baies comportent encore
une partie des vitraux d'origine (XVIe siècle) : dans les remplages supérieurs de la fenêtre de droite,
on aperçoit un décor fait de chardons et de fleurs et au-dessous un personnage barbu et casqué ;
dans ceux de la fenêtre de gauche, Saint-Jacques trône dans le quadrilobe central,
rappelant que l'église se trouvait probablement sur l'un des chemins jacquaires secondaires.
Chapelle des Pfaffenhoffen voûtée sur croisées d'ogives
Base gothique de la colonne de gauche à l'entrée de la chapelle latérale droite (des Pfaffenhoffen)
Voûtement sur croisée d'ogive gothique sans clef de la chapelle latérale droite (des Pfaffenhoffen)
Baie gothique trilobée gauche de la chapelle des Pfaffenhoffen
Baie gothique gauche de la chapelle des Pfaffenhoffen :
Vitrail (XVIe siècle) représentant Saint-Jacques avec son bourdon et son
chapeau de pèlerin pourvu d'une coquille saint-jacques
Saint-Jacques
Baie gothique trilobée droite de la chapelle des Pfaffenhoffen
Baie gothique droite de la chapelle des Pfaffenhoffen :
Vitraux (XVIe siècle) avec des chardons et au centre un personnage casqué
Croix de consécration de l'église peinte sur une des colonnes à l'entrée
de la chapelle latérale droite (des Pfaffenhoffen)
Armoiries mutilées des Pfaffenhoffen (?) dans la chapelle latérale droite
(celle des Pfaffenhoffen)
Vue d'une partie du chœur et de la nef depuis la chapelle des Pfaffenhoffen
Enfin, en ressortant, on peut jeter un coup d'œil au cimetière qui conserve, insérée dans l'un
de ses murs de clôture, une petite Piéta du début du XVIe siècle, encore bien gothique
dans sa réalisation. Elle devait, à coup sûr, se tenir soit à l'intérieur de l'église,
soit à l'extérieur dans un endroit bien visible. Il serait d'ailleurs judicieux de
la détacher de ce mur pour la préserver des outrages du temps.
La Piéta insérée dans le mur est du cimetière
La Vierge avec sa guimpe et son voile
(le nez est en partie manquant)
Le Christ reposant sur les genoux de la Vierge
Pour les amoureux du patrimoine, la modeste église de Thélod mérite votre visite !
La localisation de Thélod en Meurthe-et-Moselle
Situation de l'église, le calvaire et la Tour des Templiers dans le village de Thélod
(Vous pouvez agrandir la carte en cliquant ICI)
Les épingles de couleur sont cliquables
Découvrez d'autres trésors de Thélod :
le calvaire
et
la Tour des Templiers
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Merci de nous faire partager ce patrimoine de Lorraine, bravo à ceux qui nous le font connaître. Il est toujours salutaire que les communes cultivent et entretiennent leurs racines afin d'être une source d'inspiration, d'attractivité et de création pour les générations avenir.
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