Natif de Sélestat, résidant à Laxou et soldat mitrailleur au 69e RI, qui va perdre la vie, le 28 mars 1916 à Haucourt, en Meuse. Il a laissé son témoignage sur les affrontements à Friscati, Léomont et Vitrimont (28-30 août 1914)
« Le régiment reçoit l’ordre, le 25 de soutenir le 26e d’infanterie qui attaque la ferme de Léomont, point stratégique de haute importance, coin verdoyant et paisible, aujourd’hui en ruines et percée de toutes parts par les marmites des barbares. N’ayant pu ou pas lieu d’intervenir, à la nuit, mon bataillon cantonne dans une ferme entre Rosières et Antelupt où à 3 heures du matin, nous repartons occuper les positions où nous stationnons jusque vers 1 heure. Lorsque le bataillon reçoit l’ordre d’attaquer un petit mont du nom de Frescati, après avoir traversé Vitrimont sous les marmites boches qu’ils lançait sans compter et par rafales de six ; à 2 heures et demi, le bataillon se déplace en moins d’un quart d’heure les sections avancée sont à la crête et les autres à demi-pente contre un talus bordant la route.
Les srapnels et les balles tombent drues quand un malheureux dont on ne connait pas encore le nom crie sauve qui peut, nous recevons l’ordre de battre en retraite. Les boches, qui avait un moment perdu courage redoublent d’activité et ce n’est plus dans l’air que fumée et mitraille de tout côté, les blessés et les mourants jettent des cris ce qui rends être étrange et instant inoubliable de la vie. L’arrivée à tous les spranels et des balles sur le terrain poudreux fait ressembler à ces gros nuages lorsque les gouttes de pluie frappent le sol. Le lieutenant-colonel comprenant la méprise accourt et s’écrie du courage, et commande sac à terre baïonnette au canon. Heureusement la 3e section de mitrailleuse, commandée par le lieutenant Thomassin aujourd’hui prisonnier par son feu intercepte et protège la reformation du bataillon. Nous regrimpons cette colline surnommée Colline de la Mort avec un élan irrésistible grisés par le goût de la poudre. L’effet produit à cet instant de charge à la baïonnette comme un froid dans le dos mais furieux de voir les camarades tomber de tous côtés, l’on s’élance en hurlant comme des bêtes, sans souci de la mort qui plane sur nos têtes. Nous nous accrochons à un mouvement de terrain d’où nous tirons avec fureur.
Ici la lutte est plus mortelle, car les hommes touchés y sont pour la plupart à la tête à mes côtés un jeune nancéin à la tête fendue par une balle qui nous éclabousse des débris de sa cervelle. A ce moment notre artillerie prévient nos 75 commencent à taper. L’on ne s’entend plus tellement les éclatements d’obis se succèdent. Mais en profitons pour monter à la crête quel spectacle inoubliable nos 75 déversent sur les renforts ennemis accourus un véritable ouragan de fer et de feu faisant voler les bras et les jambes de ces bandits. Les mitrailleurs continuent leurs tirs meurtriers ceux qui ne sont touchés par des obus, y sont par balles de nos mitrailleuses et nous achevons les fuyards et ceux qui ne veulent pas sortir de leurs tranchées pire que des lapins. Le plateau se trouve en partie déblayé mais la nuit survient entrainant avec elle la fin du jour et de la fusillade. Alors nous sommes remplacer nous allons nous reposer la nuit à Vitrimont. Dire l’effet produit ce lendemain de bataille n’est guère passé : surement de cœur, quand l’on passe à l’appel. En apprenant les noms des victimes de cette maudite guerre.
Le surlendemain nous retournons à nos positions sur plus de 500 mètres les Boches sont restés étendus au coude à coude il en manque que quelque uns. Quelle boucherie des morceaux d’hommes sont semés ici et la sur le plateau en réoccupant ces positions nous passons près des corps de nos camarades qui jalonnent la route où nous sommes passés le 26 août. »
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