Au sud de Nancy, le bourg de Vézelise conserve un riche patrimoine parfois un peu délaissé. Les halles sont l'un des rares monuments encore bien mis en valeur et qui a encore son utilité.
Les halles avec le clocher de l'église à l'arrière
Aperçu historique
Ancienne
capitale du Comté de Vaudémont (à partir de 1071), Vézelise possédait
déjà des halles au XIIIe siècle. En effet, le comte Henri 1er de
Vaudémont (1244-1278) en ordonna la construction dès 1247. Les travaux
s'étalèrent ainsi de 1247 à 1272 sur un terrain appartenant à l'abbaye
de Bouxières-aux-Dames, qui fut dédommagée en retour. Ces halles
accueillaient ainsi les marchands des alentours ainsi que de régions
plus éloignées venant à Vézelise pour vendre des denrées alimentaires
(blé, orge, avoine, pois, fèves, lentilles, viande etc.) et du textile.
Les halles disposaient aussi d'un pressoir probablement utilisé par les
vignerons locaux. Un local fermé (dénommé la huge), situé au
rez-de-chaussée de l'Auditoire (siège du tribunal de bailliage puis de
la justice de paix), contenait les poids et mesures de la seigneurie de
Vaudémont.
La façade de l'Hôtel de Ville
Dès
1274, Vézelise accueillit une foire le jour de la Saint-Rémi où
marchands et banquiers s'affairaient sous les halles. Au-delà de sa
vocation commerciale, les halles servirent aussi de lieu de réunion pour
les Bourgeois de Vézelise qui y prêtèrent notamment serment de fidélité
et d'obéissance au duc Robert 1er de Bar (1354-1411) le 11 janvier
1395. En effet, les francs hommes et bourgeois de la ville (Thouvenin
Pacouart, maire de la cité, Aubertin le Huardel, doyen, Barthélemy dit
Richier de Chamouilly, Jacquet le Ménestrel, Barthélémy, prévôt, Jean
Roland et Jacques de Wilainnes) jurèrent, sur les Évangiles, de
toujours rester fidèles au duc de Bar, suzerain du comte Ferry 1er de
Vaudémont (1393-1415). Quelques seigneurs étaient là comme témoins : les
chevaliers Jean de Grancey, Philibert le Duret, Jean, bâtard de
Vaudémont, Jacques d'Amance, Errard d'Issey, l'écuyer Amé de Sarrebruck,
maître Regnault de Gondrecourt et Clarin de Crépy, l'un des secrétaires
personnels du duc de Bar.
Dès
le XIVe siècle, les archives signalent la présence de
banquiers Lombards (en 1322 et 1361) et Juifs (notamment un certain
Ménésier le Juif en 1300) œuvrant sous les halles de Vézelise.
En 1499, deux jours de foire supplémentaires furent prévus le 1er mai et le jour de la Saint-Jean-Baptiste (25 juin).
L'horloge vient du couvent des Capucins de Vézelise
Par lettres patentes du 11 janvier 1501, le duc René II de Lorraine (sa biographie est visible ICI)
règlementa l'utilisation des halles de Vézelise pour les bouchers
notamment. Ainsi, on y apprend que ces derniers ne devaient surtout pas
égorger leur animaux sous les halles sans avoir préalablement prévu un
récipient pour recueillir le sang, sous peine d'une amende de 5 sous.
Le
27 janvier 1512, le duc Antoine de Lorraine (1508-1544) exempta le
drapier Nicolas Pernot de tous droits d'étalage sous les halles de
Vézelise.
Les armoiries de Vézelise
(Ecartelé aux 1 et 4 burelé d'argent et de sable de dix pièces;
et aux 2 et 3 d'azur à trois moutoilles d'argent rangées en fasce, l'une sur l'autre)
et aux 2 et 3 d'azur à trois moutoilles d'argent rangées en fasce, l'une sur l'autre)
En
1570, pour règlementer le commerce sous les halles, le comte François
II de Vaudémont commanda deux panneaux à ses armes auprès de Jacques
Hanus et Abraham Reynette. Ainsi, moyennant 13 gros et demi, les deux
artisans confectionnèrent ces panneaux. En les plaçant sur les façades
des halles, le prince entendait, par ce geste, limiter la vente des
denrées les jours où ils étaient visibles.
L'horloge
Agrandies
au XVe siècle, les halles nécessitèrent une reconstruction partielle
qui fut décidée en 1577. Mais les travaux de "restauration" furent vite
abandonnés devant l'ampleur du travail à accomplir. En 1585, le
receveur du comté de Vaudémont nota d'ailleurs que « les halles de Vézelise tendent à ruyne par vieillesse. »
Devant
leur état de délabrement apparent, le duc Charles III de Lorraine
(1545-1608) ordonna donc la reconstruction totale des halles de
Vézelise. Ainsi, à partir de 1599, l'architecte Nicolas La Hiere, déjà
maître d'œuvre de l'Hôtel de Lillebonne à Nancy (en 1580), fut choisit
pour mener à bien le projet. Pour estimer les travaux, l'architecte
ducal se rendit à Vézelise en compagnie de Georges Maimbourg, maître des
requêtes et Claude de Malvoisin, trésorier général des finances.
Les nouvelles halles nécessitant davantage de place, il fut décidé de
raser cinq maisons en indemnisant leurs propriétaires. (quelques
bourgeois de la cité et experts maçons furent chargés "à reconnaistre les cinq maisons à ruyner et en faire prix et estimation".).
En juin 1599, le coût de la reconstruction fut estimé à 11 500 francs (dont la majeure partie incombait aux Vézelisiens). Le 11 juin 1599, Louis Verquelot, le lieutenant général du bailliage, Jean Maréchal, le receveur général du comté de Vaudémont, et Antoine Bouvier, le maire de Vézelise, reçurent divers adjudicataires, qui s'engagèrent à exécuter les travaux. Ainsi, les maçons Jean Puissant et Claudin Montagne furent choisit pour la réalisation de toute la maçonnerie en pierres de taille de l'Auditoire (excepté les arcades réservées à Nicolas la Hiere) ; Nicolas Theblignier, menuisier à Vézelise, pour la menuiserie des croisées ; Demange Marchand, verrier à Mirecourt, pour la réalisation et la pose de la vitrerie ; Claudin Gourry pour les enduits intérieurs et extérieurs et enfin, Claudin Gourry, tuilier à Ragon, près de Goviller, pour la toiture de tuiles.
Le 4 novembre 1599, en signe de générosité, le duc de Lorraine accepta de financer les travaux à hauteur de 2 000 francs et proposa que le bois de charpente fut prélevé dans les forêts ducales. Ainsi, les charpentiers réalisèrent 51 pièces de bois de 40 pieds de long et 1 pied et demi de large. Le 30 janvier 1600, le duc accepta la réalisation de 20 autres pièces de bois pour achever les halles.
Rez-de-chaussée de l'Auditoire
En
1602, deux bourgeois vézelisiens, Gérard Gravelle et Claudin Barbanson,
contribuèrent au parachèvement de l'Auditoire à hauteur de 400 livres.
Après trois ans de travaux environ, les halles furent réédifiées pour un
montant de 11 989 francs 4 gros et 4 deniers (soit 489 francs 4 gros et 4 deniers de plus que le budget prévisionnel)
Les
halles achevées, le commerce reprit de plus belle jusqu'en 1735, date à
laquelle l'architecte Claude Thomas Gentillâtre fit élever, à
l'extrémité Est, le pavillon de l'Hôtel de Ville pendant de l'Auditoire,
situé à l'Ouest. En 1764, Jean-Louis Deklier-Delille, ingénieur des
ponts et chaussées, reconstruisit l'Auditoire, en le réduisant de 20
pieds (soit 60 à 40 pieds).
Arcs en plein cintre de la façade en pierre donnant accès
aux halles en bois.
aux halles en bois.
A partir de 1820, les halles accueillirent deux nouveaux jours de foire : le 30 novembre et le 1er mercredi de Carême.
Le 15 juin 1940, un bombardement endommagea l'édifice, qui fut restauré dans la foulée avec les matériaux d'origine (52
pièces de chêne de 10 mètres provenant des forêts du comté de
Vaudémont, les grosses pierres plates du sol extraites des carrières
d'Houdreville et les tuiles fournies par la tuilerie domaniale du Ragon à
Goviller).
Auditoire - Escalier donnant accès à l'étage
Le 30 novembre 1942, les halles furent classées au titre des monuments historiques.
En 1997, des restaurations (budget : 4 millions de francs) redonnèrent un coup d'éclat aux halles de Vézelise.
Enfin, depuis 1999, l'ancien grenier à grains a été converti en salle socioculturelle.
Enfin, depuis 1999, l'ancien grenier à grains a été converti en salle socioculturelle.
Les halles en bois succédant à l'Auditoire
Architecture
Évidement
des halles médiévales, il ne subsiste plus rien étant donné la
reconstruction totale opérée à partir de 1599. Les archives médiévales
mentionnent la présence d'une petite halle en 1454 à côté de l'autre ;
de deux halles en 1461, et d'une grande halle en 1475. Les halles de
Vézelise pouvaient ressembler, par exemple, à celles de Questembert dans
le Morbihan.
Encadrées
par l'Hôtel de Ville et l'Auditoire de Justice, bâtis en pierres de
taille, les halles en bois se présentent sous la forme d'un vaisseau à
quatre nefs à plusieurs travées. La base des madriers en bois de chêne
repose sur des grosses pierres plates provenant des carrières voisines
d'Houdreville. Construite sur deux niveaux, les halles possèdent un
étage abritant dès l'origine le grenier à grains lui aussi construit en
bois (chêne et sapin).
Taque de cheminée placée sur le mur de l'escalier de l'Hôtel de Ville avec la date "1625"
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Localisation de Vézelise en Meurthe-et-Moselle
Localisation des Halles et de l'église Saint-Côme et Saint-Damien dans Vézelise
(Vous pouvez agrandir la carte en cliquant ICI)
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Sur MyLorraine, on a un article sur Vézelise, mais il est incomplet, surtout en ce qui est les Halles. Puis-je faire un lien vers votre article pour les personnes qui souhaiteraient plus d'informations ? Et serait-il possible d'agrémenter notre article avec quelques-unes de vos photos ? Merci pour votre réponse !
RépondreSupprimerÉvidement, vous pouvez faire un lien vers mon blog et l'article ci-dessus ! Je vous permets également d'agrémenter votre article sur Vézelise avec quelques unes de mes photos en mentionnant leur origine, cela va de soit !!
RépondreSupprimerSuper ! Nous venons d'ajouter quelques photos à notre article en ajoutant un lien vers votre blog : http://www.mylorraine.fr/vezelise,article343.html
RépondreSupprimerTrès bien. Voilà un beau partenariat entre MyLorraine et Patrimoine de Lorraine...
RépondreSupprimerpeut on trouver une ressemblance avec certaines bastides d aquitaine du 13 EME avec leur halle et leur arcades;
RépondreSupprimerc est bien ce patrimoine conservé;pas comme à aumetz 57 Où le vieux lavoir pas détruit en 40 a été transformé en temple!! ou comme à durance 47 en salle des fetes salut
c'est bien mais trops d'image et de texte
RépondreSupprimerfaites vous même le tri !
SupprimerExcellent travail : textes concis et clairs, photos diversifiées et remarquables.Il est à souhaiter que ce blog soit découvert par un grand nombre de personnes qui deviendraient, du coup, des touristes. Vézelise le mérite.
RépondreSupprimerMerci à vous d'être passé sur mon blog !
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