Situé à mi-chemin de Nancy et d’Épinal, Bainville-aux-Miroirs a conservé les vestiges d'un
ancien château-fort édifié par les comtes de Vaudémont au XIIIe siècle. Avec son aiguille
de pierres pointant vers le ciel, le donjon de Bainville-aux-Miroirs mérite vraiment votre visite !
Vue d'ensemble avec l'aiguille de pierre en élévation
Relevant
de la châtellenie de Châtel-sur-Moselle, Bainville-aux-Miroirs devint
un endroit
stratégique pour les comtes de Vaudémont alors en conflit
ouvert
avec les ducs de Lorraine.
Il semblerait en
effet que la forteresse de Bainville-aux-Miroirs vit le jour aux
alentours des
années 1260-1261 au moment où les tensions étaient vives.
Au début de l'année 1261,
Henri 1er de Vaudémont (1244-1278) accompagna
son suzerain le comte Thiébaut II
de Bar (1239-1291) alors en guerre
contre Philippe de Florange, le nouvel évêque
de Metz (1261-1263) et son
allié le duc Ferry III de Lorraine (1251-1303).
En
1262, la châtellenie de Bainville-aux-Miroirs était un poste avancé de
Châtel-sur-Moselle.
Le château existait alors déjà, en totalité ou en
partie. Le chroniqueur Jean de Bayon
annonce, dans sa chronique de
l'abbaye de Moyenmoutier
(Chronicon Mediani-Monasteri), que la construction remontait à l'année 1261.
Le troisième niveau avec l'ouverture dans le mur correspondant au couloir
Alors que les hommes du comte de Vaudémont, basés au château de Bainville-aux-Miroirs,
commirent de graves exactions à l'encontre des moines de Saint-Evre de Toul provoquant
le courroux de l'abbé qui s'en plaignit au duc de Lorraine. Ainsi, en janvier 1264, ce
dernier promit aux religieux de les protéger contre les futurs méfaits comtaux.
Le 12 mars 1265, le comte de Vaudémont rendit hommage à son suzerain le comte de Bar
pour sa forteresse bainvilloise. A cette occasion, les bourgeois et chevaliers dépendant
du château, prêtèrent également serment de fidélité au comte.
A partir de mars 1268, le chevalier Olry de Parroy devait assurer 6 mois de garde par an
au château de Bainville-aux-Miroirs. Moyennant 140 livres provinoises, il put édifier
alors un logis à l'intérieur ou l'extérieur de la forteresse pour son confort.
Le troisième niveau avec le départ de la voûte
En novembre 1268, le comte Henri 1er
de Vaudémont signa la paix avec le duc Ferri III de
Lorraine et
reconnut qu'il avait illégalement construit le château de
Bainville-aux-Miroirs
et incommodé les moines vivant à proximité. Ainsi,
il rétablit les droits seigneuriaux
de l'abbaye qui en retour reconnu
officiellement l'existence de la forteresse.
L'agrandissement de la
forteresse fut même autorisée à la condition expresse que
l'extension
n'excède pas une certaine superficie, sous peine d'excommunication !
En
juillet 1270, le comte de Vaudémont, sur le départ pour la croisade et
très endetté
(5970 livres), fut contraint de confier la gestion du
château de Bainville-aux-Miroirs à
son suzerain, le comte de Bar, qui
désigna notamment le personnel castral.
Cependant, le comte de Salm eut
pour responsabilité de défendre ses intérêts.
En 1279,
le comte Renaud de Vaudémont (1278-1279) décéda brutalement provoquant
le partage du domaine comtal entre ses deux frères, Henri et Jacques.
Bainville-aux-Miroirs
tomba ainsi dans l'escarcelle de Jacques de
Vaudémont.
Les salles voûtées
Avec le décès des deux frères en Italie en
1299, la châtellenie de Bainville-aux-Miroirs
revint au fils d'Henri II,
Henri III de Vaudémont (1299-1349).
Les comtes Henri IV et Henri V de Vaudémont se succédèrent en restant maître du
château de Bainville-aux-Miroirs.
Puis
par mariage d'Alix de Vaudémont avec le seigneur Thiébaut de
Neufchâtel, en 1373
le château de Bainville-aux-Miroirs tomba entre les
mains d'un vassal du duc de
Bourgogne tout en restant un fief relevant
du comte de Bar. Ainsi, à partir du XVe siècle,
la forteresse joua un
rôle dans la guerre opposant les Maisons
de Lorraine et de Bourgogne.
Le
19 novembre 1467, le duc de Lorraine demanda la confiscation de
Bainville-aux-Miroirs
car le sire de Neufchâtel, Thiébaud VI,
n'obéissait qu'à un seul maître, le nouveau duc
de Bourgogne, Charles le
Téméraire (1467-1477). La forteresse fut donc impliquée
dans la guerre
qui se profilait entre la Lorraine et la Bourgogne.
Ouverte en arc brisé bouchée donnant sur une salle dont la voûte s'est effondrée
La niche de la salle voûtée en anse de panier
En
1468, la forteresse, assiégée par les hommes du duc de
Lorraine, fut laissée à l'état
de ruine, les pierres étant récupérées
pour d'autres constructions.
En 1477, après la bataille de Nancy, le château de Bainville-aux-Miroirs fut confisqué par
le duc René II de Lorraine pour trahison !
La forteresse fortement endommagée, devint une ruine "romantique".
Ce n'est qu'au XIXe siècle que le château fut dégagé d'une partie de sa gangue de gravats.
La porte donnant accès au vestibule
Du
château de Bainville-aux-Miroirs, il reste des vestiges correspondant à
l'ancien donjon
ovoïde, démantelé en 1468. Construit à l'extrémité de l'éperon dominant le village, il est
placé idéalement pour observer les alentours. Séparé du prieuré, tout proche, par un
fossé de 10 mètres de large sur 100 mètres de long avec une
profondeur actuelle de 4 mètres.
ovoïde, démantelé en 1468. Construit à l'extrémité de l'éperon dominant le village, il est
placé idéalement pour observer les alentours. Séparé du prieuré, tout proche, par un
fossé de 10 mètres de large sur 100 mètres de long avec une
profondeur actuelle de 4 mètres.
Le
donjon a été en partie dégagé au XIXe siècle laissant apparaître la
maçonnerie
dégagée des gravats empêchant la lecture générale du monument. Ainsi on accède
au rez-de-chaussée, en empruntant une porte piétonne placée au nord dont il
subsiste la feuillure dans laquelle glissait la herse et le trou de blocage de la poutre.
Passée la porte, un couloir mène à une sorte de vestibule desservant une
chambre de tir à l'ouest et deux salles voûtées au sud.
dégagée des gravats empêchant la lecture générale du monument. Ainsi on accède
au rez-de-chaussée, en empruntant une porte piétonne placée au nord dont il
subsiste la feuillure dans laquelle glissait la herse et le trou de blocage de la poutre.
Passée la porte, un couloir mène à une sorte de vestibule desservant une
chambre de tir à l'ouest et deux salles voûtées au sud.
Le donjon dans son environnement
(d'après Gérard Giuliato)
Plan du donjon
(d'après Gérard Giuliato)
(d'après Gérard Giuliato)
L'un des trous correspondant à une ancienne fenêtre du 1er étage
La porte d'entrée vue depuis l'extérieur
On
accédait au premier étage par un escalier dont on peut encore voir le
départ. L'état de
délabrement très avancé du donjon ne permet pas de connaître avec certitude la
disposition des pièces. Il reste cependant des trous béants correspondant à
l'emplacement de grandes baies (à l'ouest et au nord) et une latrine (à l'est).
délabrement très avancé du donjon ne permet pas de connaître avec certitude la
disposition des pièces. Il reste cependant des trous béants correspondant à
l'emplacement de grandes baies (à l'ouest et au nord) et une latrine (à l'est).
Le
second niveau disparu devait probablement ressembler au premier par
l'agencement
des pièces. Le troisième niveau a gardé la retombée d'un arc d'ogive et une ouverture
rectangulaire rappelant l'existence d'un couloir aménagé dans les murs.
Le dernier niveau peut être associé à la partie sommitale du donjon
crénelé et doté d'une toiture conique (?).
des pièces. Le troisième niveau a gardé la retombée d'un arc d'ogive et une ouverture
rectangulaire rappelant l'existence d'un couloir aménagé dans les murs.
Le dernier niveau peut être associé à la partie sommitale du donjon
crénelé et doté d'une toiture conique (?).
Bien
que construit à partir de la seconde partie du XIIIe siècle, les
analyses réalisées
au carbone 14 sur des charbons de bois retrouvés confirment que le donjon
a été reconstruit au début du XVe siècle, entre 1410 et 1447 !
au carbone 14 sur des charbons de bois retrouvés confirment que le donjon
a été reconstruit au début du XVe siècle, entre 1410 et 1447 !
La porte d'entrée vue depuis le vestibule
Le vestibule depuis la salle voûtée en anse de panier
Le vestibule avec la porte donnant dans une chambre de tir depuis le 1er niveau
Salle de tir
Vestige d'une latrine
Salle de tir
Vestige d'une latrine
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Localisation du village de Bainville-aux-Miroirs
Situation du donjon dans Bainville-aux-Miroirs
(Vous pouvez agrandir la carte en cliquant ICI)
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