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mercredi 29 janvier 2020

LUDRES (54) - Dépôt de munitions de la Grande Guerre

Au cours de la Première Guerre mondiale, Ludres, village meurthe-et-mosellan situé à quelques
kilomètres au sud de Nancy, qui va accueillir plus de 90 régiments de passage ou en
cantonnement sur place, dispose alors d’un grand dépôt de munitions, réservé
à un corps d’armée de la VIIIe armée, à partir de 1917.

Celui-ci permet d’alimenter en obus de toutes tailles et cheddite (explosif à base de chlorates produit
à Passy pendant la Grande Guerre) les régiments mobilisés sur la ligne de front de Lorraine.


La gestion de ce dépôt, situé près des Baraques de Ludres, est alors dévolue à des unités
de l’infanterie territoriale et/ou du génie.

Ainsi, le 22 mars 1917, depuis Saint-Max, la compagnie de mitrailleuses du 3e bataillon du 81e RIT
vient cantonner au dépôt de munitions de Ludres pendant que les autres composantes
régimentaires s’installent dans la région, avec l’état-major à Cercueil.

Sept jours plus tard, la compagnie de mitrailleuses du 3e bataillon du 81e RIT quitte le dépôt de

Ludres après avoir travaillé 7h par jour (avec une journée de repos) et se rend à Malzéville.

Elle est remplacée par un détachement du génie.

Le 31 juillet 1917, la 1ère compagnie du 3e bataillon du 81e RIT doit se rendre
au dépôt de munition de Ludres.

Le 1er août 1917, elle y arrive pour une vingtaine de jours.

Traces des lignes de chemin de fer à Ludres (photo aérienne prise en 1960)
dont une menait directement au dépôt de munitions depuis la gare (Collection IGN)

Le 20 août 1917, la compagnie du 3e bataillon du 81e RIT laisse Ludres pour rejoindre son régiment
qui doit se rendre dans la région de Chaussailles, Rouges-Bouquet, Bossupré, Haut-Sablon
et Hénaménil avec l’état-major à Lunéville.

Deux jours plus tard, 20 sapeurs du Génie, détachés au stockage du dépôt de munitions
de Ludres, se rendent à Saint-Clément où se trouve leur unité.

Vue aérienne de l’emprise de l’ancien dépôt de munition de Ludres (Google map)

Le 14 janvier 1918, l’état-major du Grand Quartier Général des Armées du Nord et du Nord-Est
décide que la gare de Ludres devient désormais un point de déchargement
de munitions pour la VIIIe Armée.

Le transbordement se fait alors sur voie de 0,60 m d’écartement jusqu’au grand dépôt local.

Jusqu’au mois d’août 1918, le dépôt reçoit régulièrement des arrivages de munitions de tous types.

Les militaires affectés à sa gestion sont essentiellement des territoriaux ou des sapeurs du génie.

Le 24 août 1918, alors que les 5th, 6th et 7th Field Artillery Regiment de la 1st First Artillery Brigade du corps expéditionnaire américain se trouvent dans la région de Martincourt-Gezoncourt-Jezainville, les sections de
munitions régimentaires se rendent aux dépôts de Domgermain, Einvaux et Ludres
pour s’approvisionner en obus et projectiles nécessaires pour les canons de 75 mm,
90 mm, 95 mm et mortiers qui vont être utiliser lors de l’offensive contre
les Allemands au Saillant de Saint-Mihiel.

La guerre finie, le dépôt de munition de Ludres perd inévitablement sa fonction et les obus
et autres projectiles encore entreposés sur place vont être, au fur
et à mesure, déplacés et l’espace occupé remblayé.

Le 20 juin 1919, à 15h, une violente déflagration se fait entendre à une centaine de mètres
de la gare de Ludres avec une épaisse colonne de fumée noire s’élevant
dans le ciel, tout près du dépôt de munitions.


Il s’agit en fait de trois tonneaux oubliés sur un wagon et contenant de la cheddite qui
explosèrent sous l’effet de la chaleur. Fort heureusement, aucune victime n’est à déplorer ce jour-là.

Emplacement de l’ancien dépôt rendu à l’agriculture depuis longtemps (Cliché Olivier Petit)

Avec le départ des derniers militaires en charge du dépôt de munition de Ludres, le site retrouve
peu à peu sa vocation première, celle d’un champ cultivable.

Les photos aériennes permettent encore de voir l’emprise qu’il avait et la couleur noirâtre de
la terre rappelle que les munitions étaient, à l’époque, laissées à l’air libre et
donc sujettes aux intempéries (érosion, rouille…)

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