vendredi 13 janvier 2012

CHARMES (88) - La Maison du Chaldron

A Charmes, une superbe maison seigneuriale du XVIe siècle, récemment restaurée (2009), occupe l'angle de la rue Maurice Barrès et de la Place du Chaldron. Cette Maison du Chaldron, également appelée Maison des Loups sert d’écrin à l'office du tourisme du Pays de Charmes !

Aperçu historique

Les archives mentionnent pour la première fois la Maison du Chaldron le 18 mai 1346, date à laquelle le comte Henri III de Vaudémont (1299-1348) reconnaît le duc Raoul de Lorraine (1328-1346) comme possesseur d'une maison à Charmes.

Par un acte du 23 décembre 1444, le seigneur Nicolas de Charmes entra en possession de la Maison du Chaldron, alors relevant du duc René 1er de Lorraine ("Nicolas de Charmes confesse avoir repris de René, roi de Sicile, la moitié des coppels et droictures de Charmes, une maison avec les usoirs, dite mâson du Chaldron et le quart des sources de Charmes, avec prey audict lieu". Trésor des chartes de Lorraine).

Après la bataille de Nancy du 5 janvier 1477 (dont le récit est consultable en cliquant ICI), le duc René II de Lorraine (dont la biographie est visible en cliquant ICI) récompensa ses fidèles vassaux et notamment Jean de Charmes qui devint alors capitaine de la cité vosgienne. Le 22 janvier 1504, ce dernier fit ses reprises pour l'Hôtel du Chaldron auprès du duc.

En 1506, avec le décès de Jean de Charmes, la Maison du Chaldron revint à sa fille et héritière Marguerite, qui était alors mariée à Guillaume des Armoises. Ce dernier, fit ses reprises pour la Maison des Loups auprès du duc de Lorraine le 2 mars 1507.

En devenant capitaine de Charmes, Thomas des Armoises, fils de Guillaume, le 11 mars 1527, prit naturellement possession de la Maison des Loups. En 1537, il la restaura comme l'indique encore le millésime gravé à la base de la niche occupant l'angle de la demeure.

Le 23 janvier 1563, le neveu et héritier de Thomas des Armoises, Nicolas des Armoises vendit, pour 3 500 francs, tous les biens qu'il détenait à Charmes au duc Charles III de Lorraine (1545-1608). Ainsi, l'Hôtel du Chaldron devint possession ducale !

Charles III de Lorraine et son épouse, Claude France (1547-1575), s'installèrent à Charmes en 1566. A cette époque, Didière Mittate, épouse du prévôt de Charmes, Arnould Bernard, devint la nourrisse en titre du futur Henri II de Lorraine. La famille ducal resta à Charmes en 1567 et 1568.

En 1581, Henri de Lorraine, marquis du Pont, se rendit à Charmes dans son Hôtel du Chaldron où il passa de bons moments.

En 1606, le duc Charles III de Lorraine légua ses biens de Charmes à son second fils, Charles, cardinal de Lorraine, évêque de Metz (1578-1607), puis de Strasbourg (1604-1607) avec une rente annuelle de 20 000 francs. Celui-ci ne profita pas longtemps de son nouvel hôtel particulier du Chaldron car il trépassa un an après, en 1607.

Le duc Charles IV de Lorraine (1625-1675) séjourna à Charmes en 1626 et en 1628, en compagnie de la duchesse Nicole de Lorraine (1608-1657). Il reçut même le cardinal de Richelieu les 19 et 20 septembre 1633 pour la signature du Traité de Charmes, livrant les clefs de ville de Nancy.

Le 20 novembre 1635, la ville de Charmes fut pillée et incendiée par les Français et leurs alliés Suédois. L'hôtel du Chaldron échappa à la destruction mais la cité fut dépourvue de rempart, obligeant le duc de Lorraine à ne plus y résider.

Le 14 septembre 1668, la duchesse de Lorraine logea à Charmes chez le sieur de Valfeury car la Maison des Loups se trouvait dans un état pitoyable. En 1669, le duc Charles IV séjourna dans la cité carpinienne au couvent des Capucins, la Maison du Chaldron ne pouvant l'accueillir !

Pour remercier l'un de ses fidèles, Jean-Bourrel dit Maison-Blanche, le duc de Lorraine l'anobli le 9 novembre 1662 en lui donnant notamment la Maison des Loups.

A la fin du XVIIIe siècle, l'avocat au Parlement de Lorraine, François-Xavier Gerbaut, était en possession de l'Hôtel particulier du Chaldron ;  le 18 novembre 1790, il devint même juge de paix du canton de Charmes.

Le 5 février 1835, les descendants de François-Xavier Gerbaut, vendirent la maison de Charmes à Charles Luxer, maire de la ville.

Dans le dernier tiers du XIXe siècle, l'édifice servit de cadre au Café de Paris comme le montre la gravure datée de 1870.

Le 17 septembre 1999, la Maison du Chaldron devint propriété communale. Depuis, elle accueille l'office de tourisme.

Enfin, en 2009, avec le concours de la Fondation du Patrimoine, la Maison du Chaldron retrouva son éclat d'antan.

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La maison des Loups d'après une lithographie de 1870.
A l'époque, elle servait de cadre au Café de Paris.

La façade principale avec ses fenêtres à meneaux surmontées de frontons triangulaires
et encadrées de colonnes à chapiteaux ornés de feuillage et de personnages
sous une corniche dotée de gargouilles

Porte d'entrée avec ses pilastres surmontées de chapiteaux à volutes, personnages
et animaux, et fronton triangulaire

Porte d'entrée - Pilastre droit : Chapiteau à feuilles, volutes et visage d'ange ailé.
Un loup, à droite, semble maintenir le chapiteau.

Porte d'entrée - Pilastre droit : Le loup

Porte d'entrée - Pilastre gauche : Chapiteau à feuilles, volutes, coquille Saint-Jacques et fleuron.
Une sorte de chimère, à gauche, semble maintenir le chapiteau

Porte d'entrée - Pilastre gauche :la chimère

Façade principale : Fenêtre à meneaux surmontée d'un fronton triangulaire et encadré
de colonnes à chapiteau à feuillage, volutes et têtes d'animaux

Façade principale : Fenêtre sommée d'un fronton triangulaire avec, de part et d'autre,
des colonnes à chapiteau à feuillage, volutes et têtes humaines

Façade principale : Fenêtre à meneaux surmontée d'un fronton triangulaire et encadré
de colonnes à chapiteau à feuillage, volutes et têtes d'animaux
Niche d'angle, datée de 1537, contenant, à l'origine, une statue de Saint-Jean comme le rappelle l'inscription "SANCTE IOHANNES" gravée sur le dais au-dessus la coquille Saint-Jacques !

Chapiteau à volutes et têtes humaines

Chapiteau à décor de feuillage et fleurons

Chapiteau à feuilles, volutes et chardon. Au-dessus, des volutes, subsiste,
à droite, une aile rappelant la présence jadis d'un ange !

Chapiteau à chardons anthropomorphes, frise d'oves et corbeille de fruit (?)

Chapiteau à feuillage, volutes et têtes d'anges.

Chapiteau à feuilles de chênes (?), volutes et fleuron.

Chapiteau nu à volutes et tête humaine

Chapiteau à feuillage, volutes, tête de dauphin (à gauche) et tête humaine (à droite ?)

Chapiteau à feuillage, volutes et têtes d'anges.

 Façade principale - Gargouille en forme de lion

Façade principale - Gargouille en forme d'aigle

 Façade latérale avec son portail, ses fenêtres à meneaux et ses gargouilles

Façade latérale - Le portail renaissance (lithographie de 1870)

Façade latérale - Le portail renaissance avec ses colonnettes et son linteau à décor de feuillage

Façade latérale - Le portail renaissance : décor de feuillage entrelacé du linteau et frises d'oves et de perle (au-dessus et au-dessous)

Façade latérale - Fenêtre à meneaux

Façade latérale - Gargouille en forme de cochon

Façade latérale - Gargouille en forme de dragon

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Localisation de la ville de Charmes dans les Vosges


Situation de la Maison du Chaldron dans Charmes
(Vous pouvez agrandir la carte en cliquant  ICI )

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2 commentaires:

  1. C'était une statue de saint Jean, si je lis bien l'inscription sur la niche.

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  2. Effectivement, la niche à l'angle de la maison devait contenir une statue de Saint-Jean car l'inscription "SANCTE IOHANNES" est gravée juste au-dessus la coquille Saint-Jacques du dais ! (je rajoute ce détail dans le billet !)

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