Il y a 980 ans se tenait aux pieds du château de Bar, une terrible bataille pour la sauvegarde
de la Bourgogne et du Saint-Empire-Romain-Germanique ; l'armée lorraine du
duc Gozelon y joua un rôle déterminant.
La bataille de Bar
15 novembre 1037
de la Bourgogne et du Saint-Empire-Romain-Germanique ; l'armée lorraine du
duc Gozelon y joua un rôle déterminant.
La bataille de Bar
15 novembre 1037
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A la mort du dernier roi de Bourgogne, Rodolphe III (993-1032), sa principauté se retrouva au cœur d'un conflit opposant deux hauts seigneurs : son neveu, le comte Eudes II de Blois (983-1037) et l’empereur du Saint-Empire-Romain-Germanique Conrad II le Salique (990-1039), époux de Gisèle, fille de Gerberge et sœur de Rodolphe III. La bataille de Bar (dite également d'Honol), qui s'engagea le 15 novembre 1037 au pied de la cité de Bar, mit un terme définitif au différend.
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Dès 1016, le roi Rodolphe III de Bourgogne (993-1032), envisageant sa succession, décida, à Strasbourg, de confier son royaume à son neveu, l’empereur Henri II le Saint (1014-1024). A Mayence, en 1018, Henri II refusa le sceptre et la couronne, attributs de la fonction royale, que lui proposait le roi de Bourgogne. Son successeur désigné, Rodolphe III poursuivit donc l’administration de son royaume satisfait de son choix. Mais, le 13 juillet 1024, l'empereur mourut sans héritier, obligeant le roi de Bourgogne à choisir Conrad II le Salique (990-1039), nouvel empereur, comme son successeur.
Charte savoyarde, datée de 996, montrant le sceau et le monogramme du roi Rodolphe III de Bourgogne
(Archives départementales de Savoie)
Avec la mort de Rodolphe III en 1032, l’empereur revendiqua immédiatement le trône bourguignon, sous couvert d'être le plus proche parent du défunt. La succession semblait cependant loin d’être réglée. En effet, le petit-fils de Rodolphe III, Eudes II, comte de Champagne, de Blois, de Chartres, de Troyes, de Meaux, de Beauvais, vicomte de Bourges et palatin du royaume de France, exigea la couronne de Bourgogne. La guerre entre Conrad II le Salique et Eudes II de Blois semblait donc inévitable, les deux prétendants restant sur leur position ! Chacun mobilisa alors ses forces en vue d'une guerre de succession de Bourgogne qui s'annonçait longue et meurtrière. Le comte Eudes de Champagne envahit donc la Bourgogne et s’empara successivement de Vienne, Neufchâtel et Morat.
Un territoire convoité
Après la Champagne et une partie de la Bourgogne, Eudes II de Blois envisagea, sereinement, la conquête de la Lorraine, terre d’Empire. Profitant de la faiblesse du roi de France, Henri 1er (1031-1060) et de l’éloignement de l’empereur Conrad II, il pénétra en Lorraine avec la ferme intention de s’emparer, en priorité, de la cité épiscopale de Toul. L'évêque Brunon d’Eguisheim (1002-1054) qui l’avait défié à Déville en 1033, allait subir la fureur des guerriers champenois. Le comte de Champagne fit donc mettre le siège devant Toul. Face à l’incroyable résistance des défenseurs, Eudes II ordonna, de rage, l’attaque des faubourgs en pillant et en incendiant notamment les abbayes Saint-Evre et Saint-Mansuy.
Porche d'entrée de l'abbaye Saint-Mansuy de Toul
Porche d'entrée de l'abbaye Saint-Evre de Toul
Apprenant l'arrivée prochaine de l'armée impériale à Toul, Eudes II, qui n'était pas prêt à l'affronter, préféra lever le siège et rebrousser chemin vers la Champagne.
Le danger écarté, l’évêque Brunon de Toul, qui craignait encore pour sa vie et celles de ses ouailles, décida de réunir le roi Henri 1er de France, l’empereur Conrad II et l’abbé Poppon de Stavelot (1020-1048) afin définir la politique à adopter à l’égard du comte de Champagne. L’empereur, excédé par les agissements répétés d'Eudes II, décida de se porter en Lorraine pour le chasser définitivement et asseoir son pouvoir. Ainsi, au cours du mois d’août 1033, Conrad II arriva en Lorraine avec son armée, qui prit ses quartiers aux portes de la cité meusienne de Saint-Mihiel. L’abbé Nanthère (1020-1044) reçut l’empereur comme il se doit. Après trois jours de repos, l’armée impériale se remit en route pour en découdre avec Eudes II, qui préférait mettre de la distance entre lui et Conrad II. Les terres champenoises subirent alors la fureur des impériaux, qui pillaient et incendiaient les moindres villages, escomptant ainsi faire plier Eudes II. Les razzias impériales eurent raison de ce dernier qui, se sentant traqué et exsangue, demanda la paix.
Dessin d'un denier d'argent du duc Gozelon, trouvé au Danemark
(Musée Christian Jürgensen Thomsen de Copenhague)
Pour négocier cette trêve, Eudes II s’adressa alors à Gozelon (967-1044), duc de Mosellane (région comprenant la Haute et Basse Lorraine. En latin, "Gozelo dux Mosellanorum atque Lothariensiu", Vita Reginardi) et à l'évêque de Metz, Thierry de Luxembourg (1006-1047). Conrad II accepta de les recevoir à l'abbaye de Saint-Mihiel. Le comte de Champagne renonça alors solennellement, devant témoins, à toutes ses prétentions sur le royaume de Bourgogne en promettant de réparer les dégâts commis par ses hommes lors du siège de Toul. Satisfait de sa soumission, l’empereur remercia les moines de Saint-Mihiel pour leur accueil et rentra dans ses états.
Dessin du Sceau d'Eudes de Blois. Début XIe siècle.
(Cabinet des médailles de la BNF)
A peine Conrad II eut-il franchit le Rhin, qu'Eudes II, qui ne souhaitait pas en rester là, pénétra de nouveau en Lorraine. Alerté, l'empereur pesta contre son cousin et décida, à Ratisbonne, de dépêcher une nouvelle armée en Champagne pour Pâques 1034. Il voulait ainsi soumettre le comte Gérold II de Genève (1020-1080) et l’archevêque Bouchard de Lyon (1023-1068), principaux soutiens actifs du comte de Champagne.
Ainsi, au mois de juin 1034, Conrad II établit un plan visant à prendre en tenaille la Bourgogne. Pendant que le gros de l'armée impériale arrivait par le nord en passant le Jura, les forces conjuguées de l’archevêque de Milan, Ariberto da Intimiano (1018-1045) et du marquis de Montferrat, Guillaume III Longue-Epée (991-1042) progressaient depuis le sud en franchissant les Alpes. Conrad II enleva Neuchâtel puis se porta à Genève où le rejoignit les contingents alliés italiens. Accueillis par le comte de Savoie, Humbert aux Blanches Mains (1027-1048), le souverain du Saint-Empire-Romain-Germanique reçut immédiatement la soumission du comte Gérold II de Genève et de l’archevêque Bouchard de Lyon, qui craignaient la vindicte impériale. Le 1er août 1034, Conrad II le Salique ceignit solennellement la couronne de Bourgogne devant une large assemblée acquise à sa cause.
Un comte de Champagne déterminé !
Un peu dépité par la tournure des évènements, Eudes II de Blois, ne baissa pas pour autant les bras et entreprit de nouvelles chevauchées à travers toute la Lorraine de 1034 à 1036. Il harcela sans relâche les Lorrains en pillant, en détruisant et en rançonnant. Entre temps, en Italie, les villes lombardes et les seigneurs milanais se révoltèrent contre l'autorité impériale. Ne pouvant pas laisser la situation se dégrader, Conrad II mobilisa sur le champ une armée. Milan fut ainsi prise le 19 mai 1037 et son archevêque Ariberto incarcéré. Mais ce dernier réussit à s’enfuir et, avec les évêques de Vercueil, Crémone et Plaisance, eux-aussi lassés du gouvernement de Conrad II, promit à Eudes II de Blois de le soutenir dans sa quête de la couronne royale de Lombardie. Enthousiasmé par les propositions italiennes, qui lui laissaient même entrevoir la couronne du Saint-Empire-Romain-Germanique, le comte de Champagne pillât de plus belle la Lorraine, espérant pousser jusqu’à Aix-la-Chapelle où il escomptait ceindre la couronne impériale. Mais Eudes II ne se douta pas un seul instant qu’il allait affronter un adversaire à sa mesure, le duc Gozelon de Mosellane, fidèle vassal de l’empereur.
Château de Bar-le-Duc. XIe-XVe siècle. Courtine et porte romane.
Château de Bar-le-Duc. XIe-XVe siècle. Porte romane.
Avant d'affronter Gozelon et son armée, le comte de Champagne enleva, sans trop de difficultés, les cités de Commercy et Bar-le-Duc où il plaça des garnisons champenoises. Séjournant au château de Bar, Eudes profita pleinement de l’hospitalité lorraine en festoyant à grands frais. Mais la fête s'acheva le 15 novembre 1037, lorsque l'un de ses hérauts d'armes lui annonça la présence, dans la plaine, au pied du château, de l'armée conduite par le duc de Haute et Basse Lorraine, Gozelon. Faisant alors sonner le tocsin, Eudes rameuta tous ses hommes d'armes et chevaliers pour livrer la bataille qu’il entendait bien remporter contre les fidèles de l'empereur Conrad II !
Château de Bar-le-Duc. XIe-XVe siècle. Tour de l'Horloge.
Les forces en présence
L’armée lorraine était une armée de coalition constituée de troupes réunies, à la hâte, par le duc Gozelon. Ne pouvant compter sur certains seigneurs lorrains présents aux côtés de l’empereur en Italie, le duc sollicita l’aide du prince-évêque Réginard de Liège (1025-1037) qui lui répondit favorablement en constituant un important contingent de combattants Liégeois. Le comte Albert II de Namur (1031-1063), gendre de Gozelon (il avait épousé Régelinde (1005-1068)), accompagna les Liégeois et rallia le camp lorrain. L’évêque de Metz, Thierry de Luxembourg (1006-1047) accepta également de fournir à Gozelon un corps expéditionnaire placé sous les ordres du comte Gérard de Bouzonville (985-1045), fils du comte Adalbert 1er de Metz (955-1038) et cousin de l’empereur Conrad II. L’évêque Raimbert de Verdun (1025-1038), offrit aussi son aide à Gozelon en lui envoyant un contingent dirigé par l’abbé Richard de Saint-Vanne (1004-1046). Enfin, le duc fut secondé par son fils Godefroid IV le Barbu (997-1069).
Enluminure représentant des chevaliers. Manuscrit "De universo" de Raban Maur, vers 1020-1022 (Archives de l'abbaye du Mont-Cassin)
L’armée du comte Eudes II se composait de vassaux champenois et d’Ile-de-France. En dehors de son fils Thibaud (1019-1090) qui l’accompagnait, le comte Manassès de Dammartin (990-1037), fils de Hilduin 1er, les comte Dudon (?-1037) et vicomte Hervé (?-1037), Gilduin, vicomte de Chartres et comte de Breteuil (990-1060) et son fils Valéran (1010-1066) le suivirent dans son expédition. Leur fidélité semblait sans bornes car le comte de Champagne était un grand seigneur charismatique et persuasif.
Les chroniques médiévales insistent sur le fait que les Champenois étaient plus nombreux que les Lorrains et les Belges. Ainsi, au regard des pertes champenoises, il semblerait qu’Eudes disposait d’environ 8 à 10 000 combattants. Quand aux Lorrains, on peut estimer qu'ils étaient entre 3 et 6 000.
Fers de lances du XIe siècle
Musée de l’Histoire du Fer à Jarville-la-Malgrange
La position des belligérants sur le champ de bataille
En ce mardi 15 novembre 1037, le duc Gozelon, son fils Godefroid et l’abbé de Saint-Vanne se placèrent au centre ; à leur gauche, se positionnèrent les Liégeois de l’évêque Réginard et les Namurois du comte Albert II, et à leur droite, les Messins du comte Gérard de Bouzonville.
En face, à trois cent mètres environ, le comte Eudes II et Thibaut de Blois occupèrent le centre avec un corps de cavalerie en avant ; à leur gauche, Manassès de Dammartin, Valéran et Gilduin de Breteuil dirigeait l'un des corps de bataille ; et à leur droite, les comte Dudon et Hervé était les chefs du second corps de bataille !
La bataille commence
Pour la majorité des chroniques et sources médiévales (une trentaine), cette bataille est mentionnée de manière succincte, en 1 ou 2 lignes. Seuls, les récits de Raoul Glaber, de Jacques de Bayon et de la Vie de Réginard, permettent d’avoir une vision globale de cet affrontement, grâce au recoupement des récits.
Ainsi, vers 9 heures, la plaine de l’Ornain retentit des cris de défiance des combattants des armées ennemies. La tension était palpable et l’envie d’en découdre bien là. Dans les deux camps, chevaliers, écuyers et hommes d’armes trépignaient d’impatience. Qui allait engager le combat le premier ?
Avant l’engagement, l’abbé Richard de Saint-Vanne de Verdun béni l’armée de Gozelon et proposa la communion à chacun des combattants. Pour le prélat, l’issue de la bataille ne faisait aucun doute et il le fit savoir, haut et fort, aux hommes du duc. Ces derniers galvanisés était prêt à en finir avec l'arrogant comte de Champagne.
Entre 9h et 9h30, Eudes II entra le premier en scène, demanda notamment à ses cavaliers de charger, lance baissée, vers le corps de bataille de l’évêque de Liège et d'Albert II de Namur. Après une franche galopade et le franchissement du ruisseau Naveton, les cavaliers champenois arrivèrent au contact des Liégeois et des Namurois. Le choc fut si terrible que la ligne belge fut enfoncée. Une mêlée furieuse s’ensuivit où chacun tentait de sauver sa vie. Peu à peu le sol fut jonché de corps éventrés, bras, jambes et têtes tranchées. La folie s'était emparé des combattants de deux camps.
Vers 10h30, tous les corps de bataille du comte de Champagne se portèrent sur l’aile gauche du duc Gozelon. Furieux de la tournure des évènements – les Champenois et les Français prenaient le dessus – l’évêque de Liège exhorta ses combattants à faire preuve de courage et d’abnégation pour repousser l’ennemi. L'engagement brutal dura près d’une heure au cri des guerriers et au son des épées et lances s'entrechoquant. Le combat tourna peu à peu à l’avantage d’Eudes II de Blois. Les Belges submergés, commencèrent alors à refluer vers l’arrière. Voyant ce triste spectacle, le duc de Mosellane prit immédiatement la décision de porter assistance au prélat liégeois et au comte de Namur, alors en pleine détresse.
L’arrivée des Lorrains, vers 11h30, changea la donne. Revigoré par la venue de Gozelon, Réginard de Liège regroupa ses combattants et épaula le duc de Mosellane pour contenir et même repousser Eudes II. Albert II de Namur se jeta sur les Champenois avec une telle fougue qu'il s’ouvrit un chemin à coup d’épée, sectionnant membres et décapitant les coutiliers et écuyers ennemis. Les combattants s’affrontèrent sans retenue, sous le poids des hauberts, les chevaliers démontés et les hommes d’armes s’enlisèrent dans un sol détrempé par la pluie, la sueur et le sang. Eudes II de Blois, plein de fougue, exhorta encore ses compatriotes à se surpasser pour reprendre le dessus sur ses "chiens" de Lorrains. Fendant l’air, fracassant crânes, coupant bras et jambes, les comtes Dudon et Hervé, Manassès de Dammartin, Gilduin et Valéran de Breteuil tentèrent, tant bien que mal, de reprendre le dessus. La confusion régnait dans un fracas d'armes, accompagné de cris et de râles.
L'entrée dans la bataille des combattants de Gérard de Bouzonville et des Messins, vers 14h, produisit immédiatement son effet. Les combattants messins voulaient en finir avec Champenois ; leur charge fut si percutante que ces derniers et leurs alliés d’Ile-de-France commencèrent à comprendre que la fin était proche. Javelots et lances volèrent, épées et haches tourbillonnent au-dessus de la mêlée; l’engagement fut passionné. Bientôt, le sol boueux imbibé de sang recueillit les cadavres qui s'amoncelèrent au fur et à mesure que les Lorrains prenaient l'avantage. Peu à peu l’étau se resserra autour des fidèles du comte de Champagne.
Vers 16h, l’encerclement fut effectif et la tuerie, qui s'ensuivit, commença. Les comtes Dudon, Hervé, et Manassès de Dammartin perdirent la vie dans un dernier sursaut d’orgueil. Gilduin de Breteuil, blessé, et son fils Valéran échappèrent de justesse à une mort certaine, sauvés par l’abbé Richard de Saint-Vanne qui les revêtit d’un habit religieux.
L’issue de la bataille ne faisant maintenant plus de doute, Eudes II de Blois et son fils Thibaud s’enfuirent lâchement. Au moment même où le comte de Champagne se croyait définitivement à l’abri, un homme d’arme, prénommé Thierry (selon le chroniqueur "contesté" Jacques de Bayon), le désarçonna et lui assena de violents coups sur tout le corps. Entre temps, Thibaut de Blois prit la poudre d’escampette, galopant allègrement vers la Champagne, sans se retourner ni même porter assistance à son père qui bientôt expire sous les coups répété son meurtrier. Ce dernier le dépouilla de son précieux reliquaire, qu'il portait sur lui, et de ses vêtements. Ainsi, le bouillonnant, tyrannique et ambitieux comte de Champagne gisait désormais inanimé dans la plaine.
Vomécourt-sur-Madon (Vosges) - Tympan roman figurant deux chevaliers s'affrontant
(Chacun des deux chevaliers arbore le casque sphéro-conique sans nasal et une cotte de maille ou haubert ;
celui de droite se protège avec le bouclier normand en amande si typique de cette époque et charge
avec une épée à double tranchant de 1m, pesant 1,5 kg munie d’une poignée de bois recouverte de cuir ;
l’autre utilise une lance de 2m50 pour une charge frontale.)
celui de droite se protège avec le bouclier normand en amande si typique de cette époque et charge
avec une épée à double tranchant de 1m, pesant 1,5 kg munie d’une poignée de bois recouverte de cuir ;
l’autre utilise une lance de 2m50 pour une charge frontale.)
La victoire de l'armée du duc Gozelon
La bataille s’acheva aux alentours de 17h par la victoire des alliés. Alerté de la mort d'Eudes II, les Lorrains et Belges partirent à sa recherche. Mais en raison de la tombée de la nuit, le duc Gozelon fit cesser les recherches. Elles reprirent le lendemain matin. En parcourant le champ de bataille, l’abbé Richard de Saint-Vanne de Verdun et l’évêque Roger de Chalons découvrirent le corps dénudé et défiguré d’un homme qui ressemblait à Eudes II de Blois. Selon le moine-chroniqueur clunisien Raoul Glaber, l’épouse du comte champenois, Ermengarde d'Auvergne (995-1041, fille du comte Guillaume IV), serait venue et aurait formellement identifier son époux grâce à un détail intime, une verrue entre l’anus et l’appareil génital (en latin "habebat enim verrucam inter genitalia et anus"). Le corps du défunt fut ensuite remit à sa femme et à ses fils, qui, en témoignage de leur gratitude, donnèrent à l’abbé de Saint-Vanne de Verdun une chasuble dorée, en promettant de faire de pieuses fondations.
D'après les Annales de l’abbaye d’Hildesheim, 6 000 Champenois auraient trouvé la mort dans la plaine. Quand aux alliés, ils perdirent environ 3 000 combattants. La victoire du duc Gozelon et de ses alliés rassura l’empereur Conrad II, qui était enfin débarrassé d’un encombrant compétiteur.
La Lorraine, qui fut le théâtre de chevauchés sanglantes (de 1033 à 1037) et d'une bataille gagnée avec détermination à Bar le 15 novembre 1037, retrouva la paix, sous le gouvernement du duc Gozelon, sauveur de la Bourgogne et du Saint-Empire-Romain-Germanique.
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Sources
Annales Elnonences majores
Annales Hildesheimenses
Annales Laubienses
Annales Sancti Vincentii Mettensis
Raoul Glaber, Les cinq livres de ses histoires 900-1044
Ruperti chronicon
Vita Reginardi
Bibliographie sélective
AIMOND. Ch., Histoire de Bar-le-Duc. Bar-le-Duc, 1982, 461 p.
ARBOIS DE JUBAINVILLE. H. d'., Histoire des ducs et des comtes de Champagne, Paris, 1859-1866, 6 vol.
BEAU. A., Deux journées qui ont marqué la destiné de la Lorraine : la bataille de Bar, 1037 ; la bataille de Nancy, 1477 in Le Pays Lorrain, n° 1, 1977, pp. 3-18.
BUR. M., La formation du comté de Champagne (vers 950-vers 1150), Nancy, 1977
LEX. L., Eudes, comte de Blois, de Tours, de Chartres et de Meaux (995-1037), Troyes, 1892.
PARISOT, R., Histoire de Lorraine, T. 1, Picard, Paris, 1925.
AIMOND. Ch., Histoire de Bar-le-Duc. Bar-le-Duc, 1982, 461 p.
ARBOIS DE JUBAINVILLE. H. d'., Histoire des ducs et des comtes de Champagne, Paris, 1859-1866, 6 vol.
BEAU. A., Deux journées qui ont marqué la destiné de la Lorraine : la bataille de Bar, 1037 ; la bataille de Nancy, 1477 in Le Pays Lorrain, n° 1, 1977, pp. 3-18.
BUR. M., La formation du comté de Champagne (vers 950-vers 1150), Nancy, 1977
LEX. L., Eudes, comte de Blois, de Tours, de Chartres et de Meaux (995-1037), Troyes, 1892.
PARISOT, R., Histoire de Lorraine, T. 1, Picard, Paris, 1925.
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Superbe article qui rend hommage à cette bataille de Bar. Elle est pourtant tout aussi importante pour la Lorraine que 1477 mais souvent oubliée (déjà qu'on ne fait pas le maximum, doux euphémisme, pour que les Lorrains connaissent leur histoire). Oubli réparé qui mériterait d'être repris dans nos écoles voir dans les guides touristiques, non pas dans un régionalisme exacerbé mais tout simplement parce que c'est l'histoire de notre région et qu'elle est nécessaire pour mieux en construire le futur.
RépondreSupprimerEncore merci.
Bien que méconnue des Lorrains, cette bataille tient effectivement un rôle capital dans l'histoire de la Lorraine. En parler, même succinctement dans les écoles et les guides, serait probablement bénéfique et poserait un jalon historique oublié ! Merci d'avoir pris le temps de lire cet article qui a pour optique de remettre "à la lumière" une bataille décisive pour la Lorraine et son devenir en ce milieu du XIe siècle !
SupprimerSuperbe article et quelle reconstitution de la Bataille ! Merci pour cette page d'Histoire de notre Lorraine.
RépondreSupprimerMerci Pierre ! Il est vrai que cette bataille est trop méconnue et pourtant elle fut décisive pour la Lorraine !
SupprimerLes cartes sont remarquablement belles et claires. Mais sur quelle(s) chronique(s) exactement sont-elles établies ? Il y a bien Raoul Glaber et autres chroniques. J'ai lu Henri d'Arbois de Jubainville. Il fait une description précise de la bataille du 15 nov. 1037. Léonce Lex, dans son "Eudes de Blois" relate assez bien les événements. Pourtant, il y a des contradictions et ni l'un ni l'autre semble situer aussi précisément le lieu de la bataille comme vous le faites.
RépondreSupprimerPar ailleurs, vous dites qu'Eudes de Blois a été entièrement dépouillé, à un tel point qu'aucun reliquaire le lui resta à l'issue de ce dépouillement. Les auteurs ne sont pas d'accord sur ce point. Et si, effectivement il fut dépouillé à ce point, comment sait-on qu'il porta ce reliquaire ?
Enfin, vous qualifiez Eudes de Blois, de seigneur félon et lâche en insistant sur une fuite qui reste à démontrer. Mais pensez-vous vraiment qu'un homme de sa trempe, qui n'avait peur de rien, disons-le, puisse fuir sans combattre, ou tout simplement ne pas livrer bataille ?
Je crois que vous êtes Lorrain, et à ce titre, fier de votre patrie et c'est tout à votre honneur. mais vous en oubliez le recul que devrait avoir tout historien. Vous avez pris partie pour les Lorrains en disant que le mal c'est lui, l'envahisseur, Eudes de Blois que vous faites passer pour un fléau tel un Attila. C'est bien dommage, car je suis certain que la vérité est tout autre. Eudes fut un ambitieux et rêvait d'une couronne qu'elle fusse impériale ou de Bourgogne. Les hommes sont ni totalement bon ni totalement mauvais, et Eudes était de Ceux-là, comme devaient l'être Conrad ou le duc Gothelon.
Bien à vous.
Premièrement, je ne suis pas Lorrain ! Je suis effectivement historien ! Cette bataille dite de Bar-le-duc ou de Hanol se serait tenue au pied de la cité barroise dans la plaine.
SupprimerEudes de Blois était réputé pour son ambition comme d'autres nobles de l'époque évidement comme Gozelon et Conrard ; mais ces derniers défendaient une partie de la Lorraine alors menacée par le comte de Champagne. L'agresseur était bien Eudes de Blois car la Lorraine était terre d'Empire.
je cherche a établir les liens chronologiques exacts entre Henri 1er et Manassés de Dammartin tué le 15/11/1037 a la bataille de Bar le Duc, En savez vous plus sur les raisons de la participation de Manassés à cette bataille. On sait que contrairement à son père, Henri 1er roi de France couronné à Reims en 1027 était bagarreur. Quelles étaient les relations entre Eudes de Blois et Henri 1er. Ma motivation principale étant de me faire une conviction ou non sur l'identité exacte de Constance ( épouse non contestée de Manassés de D.) dont on ne sait si elle est Capet de France soeur supposée mais contestée de Henri 1er née vers ca 1010 mariée à Manassés en ca 1028.
RépondreSupprimerBravo pour votre article
JBB
JE SOUHAITAIS EN SAVOIR PLUS SUR LA BATAILLE OU A PERI MON GRD PERE MANASSES. AVEC VOUS,JE SAIS TOUT.BRAVO ET MERCI. MEME QUESTION QUE JBB, SUR CONSTANCE CAPET DE FRANCE
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