Connue pour sa célèbre Imagerie, Épinal est une ville qui a conservé de son passé médiéval
une partie de ses remparts qui enserraient la ville. L'une des trois tours, encore debout,
sert aujourd'hui de cadre au Musée du Chapitre où l'on peut découvrir une belle maquette
montrant la ville d'Épinal entourée de ses murailles en 1626.
Aperçu historique
Un embryon de rempart, peut-être palissadé, a probablement vu le jour peu
après la création du château vers 965-984.
En 1139, voyant son autorité contestée par l'avoué d'Épinal, l'évêque de Metz, Étienne de Bar
(1121-1162), fit appel au duc de Lorraine, Matthieu 1er (1139-1176)
pour récupérer son bien.
En 1140, le bourg d'Épinal est mentionné dans les archives. Peux-t-on alors imaginer
qu'il était entouré d'un rempart ? Sûrement !
Au XIIIe siècle, l'évêque de Metz, Jacques de Lorraine (1239-1260), fit édifier un rempart
composé de dix-huit tours et sept portes. Haut de 10 m et de 2 m d'épaisseur,
les murs étaient précédés d'un fossé.
En 1289, Épinal fut assiégée par les hommes du comte Thiébaut II de Bar (1240-1291) et
du duc Ferry III de Lorraine (1251-1303) en raison d'une dette de 8 000 livres non payée
par l'évêque de Metz, Bouchard d'Avesnes (1282-1296). Bien que fortifiée,
la cité ne put repousser les assaillants.
Mécontent du gouvernement de l'évêque de Conrad II Bayer de Boppart (1415-1459), les Spinaliens
s'en remirent alors au duc de Lorraine, René 1er d'Anjou (1431-1453) pour trouver une solution.
En 1444, le roi Charles VII de France (1422-1461) fit une entrée solennelle dans la ville sur
demande des bourgeois encore mécontents et qui voyaient en lui un seigneur plus
digne de les gouverner ! Relevant désormais du royaume de France,
les tours des remparts furent parées des armoiries royales.
Après avoir repris son indépendance vis à vis du Roi de France, les Routiers royaux attaquèrent
Épinal en 1463 et l'enlevèrent à la faveur de la nuit. Ulcérés, les habitants
de la ville reprirent la ville et chassèrent les intrus.
A partir du 21 juillet 1466, la cité dépendait du duché de Lorraine.
En 1471, un boulevard de terre protégé par une enceinte palissadée fut placée en
avant des remparts, à l'emplacement actuel du quai des Bons-Enfants.
Le 14 octobre 1473, les troupes bourguignonnes de Charles le Téméraire mirent le siège
devant la cité alors commandée par Jean, bâtard de Vaudémont (1450-1509), fils illégitime
du comte Antoine de Vaudémont (1418-1458). Épinal tomba alors entre les
mains du duc de Bourgogne malgré les puissants remparts.
Le 8 septembre 1476, le duc René II de Lorraine (sa biographie est consultable ICI) et le bâtard
de Vaudémont se présentèrent devant Épinal bien décidés à enlever la place alors fidèle
au duc de Bourgogne. La garnison bourguignonne se rendit sans combattre voyant
le déséquilibre des forces en présence.
Avec la Guerre de Trente, Épinal fut au cœur des convoitises françaises et lorraines. La cité
changea de mains plusieurs fois et les remparts furent renforcées pour faire face
aux différents sièges. En 1633, Épinal relevait toujours du duché de Lorraine.
En 1635, Épinal, alors ville royale, subit le siège des troupes ducales de Charles IV de Lorraine
(1625-1675). Malgré une défense énergique de la part de la garnison française aux ordres
de Lamezan, la cité tomba. Les remparts nécessitèrent une réfection urgente.
Plan d'Épinal avec ses remparts en 1626
Peinture de Nicolas Bellot (1600-1672)
Épinal - Musée départemental des Vosges
L'ovale clair montre où se trouvent les restes des remparts
Fin 1636, les portes de la ville furent ouvertes aux troupes ducales de Clinchamps. Mais la ville
redevint royale peu après lorsque l'armée du duc de Longueville s'en empara. Les mercenaires
suédois duc Charles IV de Lorraine reprirent la ville aux français en 1637.
Grâce aux comptes de la ville établis en 1639, on apprend que les Spinaliens durent financer
l'entretien de la garnison chargée de la défense des remparts. La même année, les fortifications
(remparts, tours et portes) furent renforcées ; de février à mai, des palissades de pieux furent placées
sur de la terre tassée, en mars, des logements pour la garnison furent établis près des remparts,
en avril, une demi-lune défendant la Porte d'Arches fut renforcée et une nouvelle poudrière
remplaça celle détruite en février ; en mai, les maisons trop proches du rempart
furent éboulées et des munitions, grenades et le canon de Cheniménil
furent amenés pour la défense de la cité.
En avril 1641, le duc Charles IV de Lorraine et sa femme Béatrix de Cusances (1614-1633)
s'installèrent à Épinal, faute de loger dans leur capitale nancéienne alors aux mains de l'ennemi.
Siège d’Épinal par Du Hallier (août 1641)
On voit une partie des remparts rattachés au château
Le 23 août 1641, les régiments de Du Hallier assiégèrent les remparts d'Épinal. Le 25, la ville,
défendue par les hommes du baron de Clinchamp, capitula. Les vainqueurs exigèrent le
paiement de 400 francs aux officiers de son artillerie « parce que le canon avait tiré ».
Fin août 1641, les 6 000 combattants français du maréchal de Grancy enlevèrent Épinal.
Un serment de fidélité au roi de France fut alors exigé.
En 1644, malgré la garnison et les fortifications, le maréchal de la Ferté-Sénectère prit la cité
qui retomba peu après entre les mains des Lorrains.
En février 1651, le maréchal de la Ferté-Sénectère ne put s'emparer d'Épinal alors défendue par
quatre régiments lorrains. Constatant qu'un tiers des bourgeois avaient quitté la ville
pour rallier la Bourgogne, les échevins d’Épinal renforcèrent la garnison qui eut
alors pour mission d'empêcher toute fuite de bourgeois spinaliens.
La Ferté-Sénectère s'empara sans coup-férir d’Épinal en 1653.
Redevenue ducale en 1661, les fortifications d'Épinal furent réparées et renforcées
sur ordre du duc Charles IV.
Le 26 août 1670, la ville fut assiégée et enlevée par le maréchal de France, François de Blanchefort
de Créquy de Bonne (1630-1687). Les remparts furent, dans la foulée, démantelés
sur ordre du roi de France Louis XIII.
Les remparts subirent évidement les sièges au cours de la Guerre Franco-Prussienne (1870-1871)
et en 1914, une garnison de 14 000 soldats s'installa à Épinal, devenue l'une des quatre
place-fortes proche de la frontière avec l'Allemagne.
Puis peu à peu, les remparts disparurent au gré des destructions et reconstructions...
Ce n'est qu'à partir de 1991 que ces fortifications furent exhumées et mises en valeur.
Architecture
En observant la peinture de Nicolas Bellot (1600-1672) représentant Épinal en 1626, on voit
que les remparts enserrant la ville étaient reliés aux murailles de la basse-cour
du château dominant la ville.
Les remparts d'Epinal replacé dans la ville actuelle
(Création de Pierre Gnaedinger, auteur de la maquette du Musée du Chapitre)
Aujourd'hui, sur 75 m, une petite portion des remparts spinaliens est conservée. Trois tours et des
pans de murailles en constituent l'essentiel ; la tour du milieu sert d'écrin au Musée du Chapitre.
Bâtis en grès vosgien rose, ces remparts remontent en grande partie au XIIIe siècle avec un appareil
régulier présentant encore des ouvertures de tir à étrier (typiques du XIIIe siècle) associées à
des bouches à feu plus tardives (correspondant à l'adaptation à l'artillerie de la fin du XVe siècle).
Enfin, on remarquera les vestiges du fossé en avant des murs et tours.
Une poterne encore visible permettait aux assiégés de s'échapper.
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Vous pouvez agrandir les vignettes en cliquant dessus !
Le fossé avec la Tour du Musée
Tour du Musée du Chapitre
Tour du Musée du Chapitre - Bouche à feu (fin XVe siècle) remplaçant une ancienne meurtrière
à étrier (XIIIe siècle) dont on voit encore la fin.
Les remparts et le fossé
Fossé - Archère à étrier (XIIIe siècle)
La poterne donnant dans le fossé
Escalier donnant accès aux étages
L'arrachement de la Tour du Chapitre et le puits de la citerne
Puits de la citerne
Tour Jacques et la Tour du Musée du Chapitre
Tour Jacques arasée avec une bouche à feu
Tour Jacques - Bouche à feu (Fin XVe siècle)
Tour Jacques arasée avec meurtrière à étrier
Tour Jacques - Archère à étrier (XIIIe siècle)
Tour Jacques - Intérieur
Tour Jacques - La bouche à feu vue de l'intérieur
La Tour du Musée du Chapitre
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Liens internet
Localisation d'Épinal dans les Vosges
Situation des remparts dans la ville
(Vous pouvez agrandir la carte en cliquant ICI )
Les épingles de couleurs sont cliquables !
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