Lundi 3 octobre 2022, j'ai eu le privilège, avec Mesdames Antoinette LAVAL,
cousine éloignée, et Dominique RAVEY, 1ère adjointe à la mairie de Flavigny-sur-Moselle,
de me rendre auprès du Flavignien, M. Maurice LEMOINE, alors en Ehpad à Bayon
avec son épouse, afin de lui remettre en main propre un document officiel qu’il aurait
dû recevoir en 1945 : le diplôme attestant de sa participation à la Seconde Guerre
mondiale, comme membre des Forces Françaises de l’Intérieur.
Au moment de la remise du diplôme, l’émotion était alors palpable.
Maurice LEMOINE
Mais pourquoi donc M. LEMOINE n’a pas reçu ce document en 1945 ?
C’est tout simple, il était caché !
En effet, en septembre 2021, j'ai été appelé par une famille bainvilloise ayant retrouvé,
dans les combles de l’ancienne maison de M. Henri FAU, chef du groupe des F.F.I.
de Flavigny-sur-Moselle, à Bainville-sur-Madon, une caisse contenant des papiers
et photos de la famille FAU ainsi qu’une cinquantaine de diplômes F.F.I. des groupes
de Flavigny-sur-Moselle et de Richardménil ; et parmi ceux-ci
se trouvait celui de M. LEMOINE.
Ayant déjà commencé mes recherches pour retrouver les Résistants encore vivants et
leurs descendants, j'ai eu la chance de rencontrer à Ludres, en mars 2022, lors de
l’exposition sur la Résistance en Lorraine, Mme Antoinette LAVAL, amie
notamment d’Éric FAU et cousine de M. LEMOINE (il était cousin issu germain
de M. Alix LEMOINE, père Mme LAVAL et F.F.I. également), qui lui a alors
annoncé que ce dernier était toujours de ce monde et qu’il fallait lui
remettre le diplôme rapidement vu son grand âge, 96 ans.
Ainsi, après des mois de négociation
auprès de M. LEMOINE, une date de remise a enfin été trouvée.
Olivier PETIT et Maurice LEMOINE
Né le 20 avril 1926 à Flavigny-sur-Moselle, M. Maurice LEMOINE, qui ne pouvait pas
voir son village sous la coupe des Allemands, n’hésitait pas à les provoquer avec
ses camarades.
Malgré ce que son propre père lui disait toujours (« Méfie-toi, fait attention, s’ils
sont vainqueurs, tu ne risques rien ; s’ils sont vaincus, ça ne sera pas pareil. »)
il décide de rejoindre, à 18 ans, le groupe des F.F.I. de Flavigny-sur-Moselle,
commandé par M. Henri FAU, entre la mi-juillet et la fin septembre 1944.
Enrôlé par les Allemands pour aller creuser, avec les Flavigniens Georges GUILLARD
et Guy DHOTEL, des tranchées de l’autre côté du pont de Flavigny, il réussit à s’échapper,
en sautant dans un fossé, au moment même où les Allemands se sont mis à tirer,
à soixante, sur deux jeunes F.F.I. traversant le canal à la nage. Il se souvient également
d’avoir vu comment l’occupant allemand traitait les terroristes F.F.I. :
un jour, deux jeunes sont fusillés sous ses yeux et deux autres sont morts
après le jet d’une grenade sur eux.
Georges GUILLARD
Le 9 septembre 1944, alors que les Américains du 2e bataillon du 134e régiment d’infanterie
se trouvent sur les hauteurs de Flavigny-sur-Moselle, M. LEMOINE, au péril de sa vie
et sous les obus allemands, rejoint l’une des sentinelles américaines, tout en haut de
la rue de Mirecourt pour l’informer des positions ennemies.
Le lendemain, les troupes américaines descendent pour prendre le village et le pont
du gouvernement ; M. LEMOINE, aux premières loges, se rappelle, que les combats ont
été rudes et intenses car les Allemands étaient fortement retranchés de l’autre côté
du pont du gouvernement, notamment dans le bois d’Azelot, et ont causé de
terribles pertes aux Américains (environ 1000 hommes hors de combat).
M. LEMOINE, son épouse, Mme LAVAL, Mme RAVEY et M. PETIT
Honneur à ce monsieur, dernier témoin d’une époque troublée, et qui,
du haut de ses 18 printemps, a tenu tête aux Allemands !
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